Drame romantique de Victor Hugo, mise en scène de William Mesguich, avec Matthieu Cruciani, Aude Biren, Chris Egloff, Benjamin Julia, Marie Mengès, William Mesguich, Charlotte Popon, Benjamin Tholozan et Laurent Prévot en alternance Damien Ferrette.
William Mesguich a opté pour une adaptation iconoclaste et fantaisiste de "Ruy Blas" de Victor Hugo avec une mise en scène débridée aux influences cinématographiques évidentes.
Ce drame romantique en cinq actes et en vers se présente comme un énorme patchwork grotesque et comique, dans lequel chaque comédien joue sa partition dans un registre différent. Ainsi, la commédia dell’arte pour Don Cesar (Laurent Prévot belle énergie), le cinéma expressionniste allemand pour Don Salluste en Nosferatu de pacotille (William Mesguich grandiloquent) et la Duègne qui complèterait bien la famille Adams, le cartoon pour la duchesse d’Albuquerque (Aude Biren truculente), et le soap movie pour les héros la Reine (Marie Mengès) et Ruy Blas (Mathieu Cruciani) sans parler des grands d’Espagne entre officiants de société secrète ou mafioso corse d’opérette.
On comprend bien que William Mesguich appartient à cette catégorie de metteurs en scène pour qui il ne s’agit pas de servir un texte en lui conservant son sens et son contexte historico-politique mais de "revisiter un texte à la lumière des événements contemporains et de l’inscrire dans le temps de la vie du metteur en scène", soit pour faire simple ce qu’on nomme l’actualisation.
D’où l’éternel dilemme : servir un texte ou se servir d’un texte qui induit la légitime interrogation : le metteur en scène doit-il se substituer au créateur qu’est l’auteur ?
Cela étant, les acteurs s’amusent bien. Tant mieux. Ils amusent beaucoup le public des scolaires. Logique. Et "Ruy Blas", ce monument du répertoire théâtral français dans tout ça ?
Ma foi, cette liberté de ton ne lui nuit pas car somme toute les personnages sont archétypaux, les amours de Ruy Blas et de la Reine relèvent davantage de la bluette que de la tragédie, et comme Hugo c’est toujours long…