Textes de Marguerite Duras réunis par Sylviane Bernard-Gresh, mise en scène d’Anne-Marie Lazarini avec Jenny Alpha, Judith d’Aleazzo, Coco Felgeirolles et Sylvie Hébert.

On se croirait dans un film de Sautet. Dans la cuisine d’une grande maison de famille où plusieurs générations de femmes se retrouveraient le temps des vacances. Autour de l’immense table rustique empaquetée dans du papier journal et encombrée de denrées diverses, elles épluchent des pommes de terre, lisent un livre ou tout simplement se regardent.

On entre dans l’univers de Marguerite Duras. Celle de son quotidien à Neauphle, quand elle se fait photographiée dans sa cuisine derrière une table en formica, là où elle cuisine pour ceux qui viendront ("Souvent les provisions étaient là, achetées du matin, alors il n'y avait plus qu'à éplucher les légumes, mettre la soupe à cuire et écrire. Rien d'autre.").

Et dans la conscience politique d’une femme, d’un écrivain qui disait : "…Je ne pense rien en général, de rien, sauf de l’injustice sociale…".

Sylviane Bernard-Gresh a effectué un judicieux montage de fragments d’une compilation de textes de marguerite Duras et d’extraits d’un entretien qu’elle a eu avec Jérôme Beaujour.

D’une part, "Outside", qui rassemble des textes et articles écrits pour divers journaux et relatifs à des événements quotidiens venant, comme Marguerite Duras le précise elle-même, "du dehors" de son univers ("Vous voyez, quelquefois je faisais des articles pour les journaux. De temps en temps j'écrivais pour le dehors, quand le dehors me submergeait, quand il y avait des choses qui me rendaient folle, outside, dans la rue - ou que je n'avais rien de mieux à faire."). Des faits divers qui soulèvent son indignation.

D’autre part, "La vie matérielle" qui retranscris s’apparente à un monologue dans lequel Marguerite duras parlait des femmes et des maisons.

Chaque femme prend alors la parole pour lire ou raconter un événement, une histoire, un fait divers qui a pour sujet des âmes simples aux prises avec l’indifférence, la haine, l’injustice. Transmettre ces écrits qui contiennent tous un fragment d‘humanité mais aussi d’humanisme.

Dans une mise en scène invisible d’Anne-Marie Lazarini, les quatre comédiennes, Jenny Alpha, Judith d’Aleazzo, Coco Felgeirolles et Sylvie Herbert réussissent une fort belle prestation.