Difficile à présent de compter sans Patrick Hernandez dans le domaine du café-théâtre parisien.
Cet auteur-metteur en scène déjà papa de nombreuses pièces et de plusieurs scénarios de longs-métrages, offre depuis le 15 octobre son dernier bébé au théâtre Michel Galabru. "Son mec à moi", c’est une histoire d’amitié pétillante et débridée entre une jeune femme affairée (Nina) et deux homosexuels (Daniel et Ludo). Le jour où elle apprend que son ami l’a quitté, qui plus est, sans doute pour un homme, la soirée prend un tournant inattendu….
Patrick Hernandez, petit homme au physique calme et réservé cache dans son écriture des trésors d’ingéniosité et de drôlerie. C’est tout en finesse et en subtilité qu’il répond à ces questions.
Après Les Colocs-Coming out (actuellement aux Planches du Canal, ndlr), votre dernière pièce "Son mec à moi" met de nouveau en scène le monde "gay", comment avez-vous été amené à l’écrire ?
Patrick Hernandez : A l’origine, cette pièce est naît de la conjonction de deux choses : un thème proposé par le producteur, Christophe Furlan, et un désir personnel d’approfondir le sujet de l’homosexualité déjà abordé précédemment dans "Les Colocs". Sur cette dernière pièce, je n’avais pas vraiment pu faire ce que je voulais. Je travaillais en co-écriture avec les deux comédiens. Écrire et mettre en scène "Son mec à moi" m’a permis de traiter le sujet à ma façon. Je souhaitais en effet aborder ce phénomène de dualité qui existe chez les homosexuels.
De quelle façon le choix des comédiens s’est-il effectué ?
Patrick Hernandez : En ce qui concerne Magali Miniac, Christophe, le producteur l’avait vu jouer sur "Les amis ne sont plus ce qu’ils étaient" (de Frédéric Rondot, mis en scène par Emmanuel Guillon) et me l’a présentée. Celle-ci m’a parfaitement convaincu et j’ai donc commencé à écrire en visualisant son image pour le personnage de Nina.
Ce n’est en revanche pas le cas des deux autres acteurs que j’ai choisis et rencontrés après avoir rédigé la pièce. Olivier Sauton (qui joue Daniel, la tendance "folle" du monde gay), j’en avais entendu parler : il commençait à avoir une certaine réputation dans le milieu du café-théâtre. Lorsque je lui ai proposé le projet, il a d’entrée de jeu souhaité jouer le personnage de Daniel et c’est justement celui où je le voyais.
C’est pour le rôle de Ludo, l’homosexuel "respectable" et plus réservé, qu’on a eu le plus de mal à trouver. Nous avons dû faire un casting : il fallait qu’il soit à la fois très beau et bon comédien ce qui n’est pas forcément le cas au café-théâtre où on a plus affaire à des purs comiques, on a donc dû élargir la palette. Je voulais qu’il y ait cette sorte d’équilibre logique de l’Auguste (Nina et Daniel) et du clown blanc (Ludo).
Un désir de se distinguer du café-théâtre ?
Patrick Hernandez : Au café-théâtre, le trait est naturellement forcé, caricatural. Je ne voulais plus être dans ce registre là, comme dans les Colocs. C’est pour cela que je souhaitais des comédiens avec une formation solide. Olivier Sauton est par exemple un des rares comédiens de one-man-show qui possède un jeu aussi théâtral. J’ai été marqué en allant voir son spectacle par les pauses qu’il ménage ; il sait jouer de manière réaliste tout en restant léger. "Son mec à moi" est une de mes comédies où il y a le plus de rigueur dans le jeu. Cette assise a permis de travailler davantage les détails.
En écrivant Son mec à moi, que souhaitiez-vous apporter de différent par rapport aux "Colocs" ?
Patrick Hernandez : Ce qui m’avais frappé dans "Les Colocs", c’était cette dualité entre le gay "intégré" et le gay "folle". Il y a une vingtaine d’années, ce dernier passait beaucoup mieux, aujourd’hui, il a une mauvaise image. Dans "Les Colocs", on avait cette représentation de folle caricaturale. Le public gay présent dans la salle était divisé, certains d’entres eux n’appréciaient pas cette image. Avec cette pièce, je voulais faire l’unanimité et plaire à tous.
Quelles réactions pour l'instant?
Patrick Hernandez : Pour le moment, je n’ai eu que des retours positifs. Les critiques qu’on avait pu adresser à l’autre pièce n’ont pas été formulées sur celle-ci. Mais la pièce se joue depuis peu! (ndlr : depuis le 15 octobre).
Vous vous êtes vous-même essayé au one man show en 1999 ; l'expérience de la scène, ça vous (re)tente?
Patrick Hernandez : Depuis toujours, l’écriture, c’est mon truc. Je préfère m’en tenir à ça. Il faut savoir où est sa place et la mienne est ici.
Avez-vous des projets en cours, à venir?
Patrick Hernandez : Depuis quelques temps, on me propose beaucoup de choses. J’ai actuellement une pièce en préparation pour le mois de janvier. Bizarrement, malgré mon souhait de m'en éloigner, c’est encore une pièce de café-théâtre ! En fait, elle arrive après "Son mec à moi" mais le projet est antérieur…J’aimerais en effet que "Son mec à moi" constitue un tournant et me diriger maintenant davantage vers la comédie.
Toujours dans le registre comique donc? Pas de reconversion?!
Patrick Hernandez : Oui, comme pour l’écriture : il faut faire ce qu’on sait le mieux faire !