Après trois jours de spectacles et un samedi entre variété populaire et rock plus confidentiel, cette édition des Vieilles Charrues gardait le meilleur pour la fin.
Une affiche sensationnelle pour clore cette belle édition du plus grand festival français.
Les Pixies et Dionysos, Olivia Ruiz et Bumcello, Da Silva et l'invité permanent Rodolphe Burger : de quoi bien profiter avant de retrouver le calme du mois de juillet et rêver à d'autres week ends musicaux de la sorte.
Premiers à entrer sur scène, le collectif de musiciens réunis autour de Camille Bazbaz et Winston Mc Anuff pour le projet A Drop.
Un reggae man culte qui lorgne tantôt vers la pop tantôt vers la ballade sous les orgues de Bazbaz, ca ne se refuse pas et même s'il est encore tôt sur cette scène Kerouac, le public a bien raison de se presser pour être au premier rang.
Depuis les Trans, on ne se lasse toujours pas de les entendre.
Déjà présent au festival Art Rock pas très loin d'ici, Da Silva entre désormais sur la grande scène des Charrues, consécration pour celui qui était une découverte de Mythos 2005 à Rennes avec son premier album.
Concert réussi avec simplicité, le petit dinanais d'adoption parvenant à capter l'attention du public avec ses beaux textes et un orchestre sobre sans batterie.
On ne parlera désormais plus jamais de Star'Ac en voyant le nom d'Olivia Ruiz.
Elle a définitivement gagné le droit d'être une artiste à part entière avec son style, ses textes et une pêche incroyable sur scène.
Avec le dernier album La Femme Chocolat repris en live, c'est un véritable concert rock dirigée par la demoiselle en robe mauve.
Les musiciens sont aussi en forme que la chanteuse et la petite heure de musique passe très vite.
Tête d'affiche française de la journée, Julien Clerc s'avance tout sourire sur la scène Glenmor.
Comme tous les ans, les programmateurs des Vieilles Charrues cherchent à combiner le rock pour jeunes avec des artistes plus fédérateurs.
Il en est le parfait exemple et donne un spectacle contenant tous ses tubes sous les yeux de ses milliers de fans.
100% impro, cela pourrait être le nom de leur spectacle. C'est en tout cas ce qu'ils promettent à ceux qui veulent venir les voir. Bumcello, alias Cyril et Vincent, virtuoses, musiciens exceptionnels, ne savent pas ce qu'ils feront avant de monter sur scène.
A la manière d'un boeuf jazzy, le batteur et le violonceliste font dialoguer leurs instruments, échangent, repetent, se concertent et proposent ainsi une heure de musique tantôt calme, tantôt enervée, tantôt claire, tantôt distordue.
On ne peut pas savoir ce qu'ils feront à leur prochain concert mais il est fortement recommandé d'y aller.
Ils sont les plus attendus de la soirée et ont fait venir à Carhaix des milliers de vieux fans qui, s'ils critiquent le phénomène commercial de cette reformation, ne peuvent s'empêcher d'aller à chaque grand messe des lutins de Boston.
Les Pixies arrivent sur scène comme à chaque fois sans fioritures. Dès les premières notes de Bone Machine, le public est sous le charme et le restera pendant la grosse heure et la trentaine de chansons courtes et efficaces. Black Francis droit devant est fidèle à lui-même. Kim Deal clope au bec garde sa voix enfantine pour les plus belles ballades du groupe. Joey Santiago qui a lui aussi pris du poids est peut être le seul à bouger, remuer devant sa collection de Marshalls tandis que David Lovering, barbu, tient le rythme. Rien à dire, le groupe gonflé à l'hélium fait son spectacle et s'en va après un court rappel.
Rodolphe Burger est invité permanent des Charrues.
L'alsacien est admiré par les bretons et il leur rend bien en proposant chaque année un spectacle différent.
Cette année, après le duo avec Erik Marchand, c'est au tour du Meteor Show Extended volume 2 avec des invités de marque : Serge Teyssot-Gay, Arnaud Dieterlen, Marco de
Oliveira, Black Sifichi, entre autres, et surtout l'énorme David Thomas, chanteur de Père Ubu.
Jacques Higelin devait être de la fête mais il ne fera pas son apparition sur le plateau. Burger entre seul en scène avec une sobre, et fantastique version de "La Chambre" pour mettre en bouche. Ses équipiers le rejoindront pour une relecture sonique de plusieurs standards de Kat Onoma.
David Thomas fera un spectacle à lui tout seul, buvant cul sec de nombreuses bières et alternant accordéon et chant tandis que Serge Teyssot Gay tendu sur sa guitare balancera ses riffs cinglants. L'un des concerts les plus bruyants et étonnants de tout le festival. Et evidemment, puisque Burger est dans le coup, l'un des meilleurs.
Comment parler de Dionysos en live ? Si ce n'est pour dire qu'on peut aimer leur musique, ou ne pas l'aimer (ici on l'aime), qu'on peut critiquer leurs chansons, leur musique, leur univers (ici on ne les critique pas) mais on ne peut pas leur reprocher d'être des bêtes de scènes.
Après les lutins de Boston, c'est au tour des pois sauteurs de Valence de séduire les 40000 spectateurs avec une energie incroyable. Ils sont, avec les Wampas, le groupe le plus présent des festivals de cet été. Pas étonnant puisque ce sont les deux plus grands groupes français sur scène.
Et voilà, toutes les bonnes choses ont une fin. Cette fois ci, tout se termine avec un magnifique feu d'artifice et un bilan positif incroyable. 220 000 personnes sur 4 jours, record battu, avec une organisation sans faille, des bénévoles heureux, un public charmé. Décidément un grand moment de l'été, ces Vieilles Charrues ! |