"vayomèr élohim yehi or vayehi or"
A chaque époque, à chaque genre, sa diva, sa pop star, cette figure féminine majeure qui va révolutionner la musique, qui va s’inscrire dans le temps. Il y a eu un avant et un après Madonna, Beyoncé, Missy Elliott, Björk, Kate Bush, Taylor Swift… Il y aura un avant et un après Rosalía. Rosalía qui nous éblouit depuis 2017 (Los Ángeles (2017), El Mal Querer (2018), Motomami (2022)) avec sa façon si moderne de mélanger flamenco, hyperpop, électro, hip hop et reggaeton.
"Each vertebra reveals a mystery pray on my spine, it’s a rosary"
Avec sa tenue de religieuse sur la pochette, et même si la spiritualité est un thème qui traverse sa discographie, serait-ce de la part de Rosalía, avec ce disque, une tentative de rédemption ? Loin les péchés de Motomami, de la sulfureuse La Fama ? Le titre "Berghain" ferait il le lien entre les ténèbres et la lumière ? N’y fait-elle pas chanter Björk : "The only way to save us is through divine intervention The only way I will be saved is through divine intervention" ? Il y a en tout cas une mutation, une évolution significative.
Disque somme (en quatre mouvements : la pureté, la gravité, la grâce et l'adieu), Lux est un disque clairement dense, audacieux (cette façon d’utiliser le flamenco (ses rythmes, ses idiomes)), absolument unique (avez-vous déjà entendu des titres comme "Berghain", "La Perla", "La Rumba Del Pardon", "Dios Es Un Stalker" ou "Magnolias" ?) qui ne laisse pas beaucoup de répits à l’auditeur. La cohérence d’une œuvre entière préférée à une simple succession de tubes.
Un disque orchestral (on regrettera des arrangements très bien joués mais un peu passe-partout), enregistré avec le London Symphony Orchestra. Lyrique, il y a une intensité dans la voix de la chanteuse héritière du Cante Jondo.
Lux parle de figures féminines (inspirées de sa passion pour les hagiographies), d’émancipation de la femme, d’aller vers plus de simplicité (un coté sans fioritures rappelant encore une fois le Cante Jondo), de pureté ou de son absence, de l’attirance autant vers le spirituel que vers les ténèbres, d’absolution. Il parle également de sa relation et de sa rupture avec Rauw Alejandro ("Gold medal in being a motherfucker") de se révéler au monde, aux autres (le fait que l’on retrouve plus d’une dizaine de langues différentes (espagnol, anglais, allemand, ukrainien, sicilien, hébreu, arable, français, mandarin…) en est un exemple), de partager, mais surtout, de l’importance de la lumière. La lumière face à l’obscurité. Une nécessité.
"I'll fuck you till you love me"
Sublime.
