Texte de Romain Gary, adapté et mis en scène par Tigran Mekhitarian, avec Tigran Mekhitarian, Delphine Husté et Léonard Stefanica.
Quand Tigran Mekhitarian adapte La promesse de l’aube, roman en partie autobiographique, il ne le fait pas à la légère. Pour le traiter de façon aussi respectueuse et intelligente, on se doute qu'il aime l’œuvre de Romain Gary.
Son adaptation fait en effet le choix de la sobriété et de l'humour pour décrire cet amour fou d'une mère fantasque et dévorante pour son fils.
Cet amour absolu que Mina, mère de Romain, érige comme seul exutoire à une condition étriquée, du fait du contexte intime, social et historique.
La magie opère dès les premières minutes. Les pages du livre s'ouvrent pour en laisser s’échapper les personnages et les épisodes qui s’animent devant nous, comme un nouvel objet artistique, un livre vivant.
À cette déraison, Tigran Mekhitarian oppose une mise en scène millimétrée et rythmée. Il incarne ce fils qui fait l'analyse de sa vie, et rend hommage à cette mère hors norme, avec tendresse et reconnaissance, tout en objectivant que cet absolu aura été aussi porteur que castrateur.
Les monologues, prononcés de façon extrêmement fluide et agréable par le comédien / metteur en scène, redonnent au texte de Gary toute sa finesse et sa précision originelles, laissant même affleurer un certain humour dont le roman n’est pas dénué.
Delphine Husté incarne avec délicatesse Mina, cette mère déraisonnable. Son jeu est porté par l'émotion. L’accent joué est une performance à elle seule et apporte aux dialogues une richesse et une vivacité délicieuses.
Léonard Stefanica ponctue la pièce d'intervalles musicaux en jouant du violon à merveille, nous transportant de la Pologne à la France. Il incarne également les personnages comme Madame Podowska, la cliente polonaise mauvaise payeuse et peu scrupuleuse, un policier, le prétendant éconduit de Mina, ou encore un lycéen moqueur, le tout avec brio et justesse.
L'éclairage est sobre et précis. Discret mais essentiel.
Le trio nous offre un très beau spectacle, cadencé et touchant. Un grand bravo à Tigran Mekhitarian, la promesse est tenue !
