Tensions géopolitiques, pandémie, urgence climatique, montée des extrêmes… Le monde semble vaciller. Heureusement, selon l’astrologie, l’Ère du Verseau — censée débuter vers 2160 — marquerait une période tournée vers les autres, le social, l’humain, la solidarité et l’ouverture.

Quatre ans après Lustful Sacraments qui annonçait un virage mélancolique, le producteur français revient avec Age of Aquarius (l'ère du Verseau en français), un album dense et ambitieux, riche d’une belle diversité électronique.

Dès "Apocalypse Now", en collaboration avec Ulver, on comprend que James Kent s’apprête à élargir encore son univers : nappes froides et atmosphères darkwave s’y croisent. "Lunacy", plus classique dans la forme, aurait parfaitement trouvé sa place dans un film de science-fiction futuriste. "Venus", avec la participation de Author & Punisher, impressionne par sa lourdeur mécanique, flirtant avec la techno-indus jusqu’à la rupture. Puis vient "The Glass Staircase", morceau aux changements de rythmes frénétiques, avant la première grande claque du disque : "The Art of Martial". Cadencé, martial, implacable — un titre taillé pour accompagner une parade militaire dystopique.

Cette première moitié de l’album se montre donc agressive, sombre, presque apocalyptique. La seconde, elle, cherche la lumière — celle de l’Ère du Verseau. "Lady Moon", portée par la voix envoûtante de Greta Link, suspend le temps dans une douceur presque sensuelle où la froideur laisse place à la mélancolie. "The Swimming Pool" poursuit sur cette lancée, en mode piano, apaisé.  Enfin, le morceau éponyme "Age of Aquarius", long de plus de dix minutes et partagé avec Alcest, fusionne nappes synthétiques et guitares éthérées du shoegaze dans un final magistral.

Perturbator mêle ici synthwave, ambient, indus, techno martiale et touches metal sans jamais perdre sa cohérence. La grande force du disque réside dans cette variété parfaitement maîtrisée.

Mais au-delà du son, Age of Aquarius raconte quelque chose de plus grand : une véritable odyssée électronique vers une lumière dont notre humidité a cruellement besoin.