Guillaume Latil et Matheus Donato. C’est une drôle de rencontre entre deux musiciens, Guillaume Latil au violoncelle et Matheus Donato au cavaquinho. Une histoire d’immeuble mal insonorisé, de voisins qui font de la musique, d’un lien qui se construit autour de "Choro negro" de Paulinho da Viola, de compositions de Pixinguinha ou des standards de jazz.

Et enfin ce disque. Qu’un duo violoncelle et cavaquinho (petite guitare originaire du Portugal mais répandue au brésil, cousine du ukulélé) fonctionne, cela n’a rien de surprenant : mélanges des cordes pincées et frottées, un instrument plutôt grave (qui ne se cantonne pas ici à la basse ou à une sorte de continuo), l’autre aigu. Le duo ne se contente pas de s’appuyer sur le cavaquinho et de jouer un répertoire brésilien qui serait plus ou moins européennisé ou "classisé" et c’est l’une des grandes forces de ce disque.

Il y a autant de horo que de choro, de valse que de forró (et parfois tout en même temps comme dans "Horochoroforró"), autant de soliste que d’accompagnement, d’improvisation que d’écriture, d’Europe que de Brésil, d’Argentine ou d’Afrique. Et puis Robert Schumann ("Träumerei"), Carlos Aguirre ("Milonga Gris"), Pixinguinha ("Yaô"). Alors on voyage, on est titillé, on rêve, on danse, on est nostalgique aussi.

Leur grammaire, leur syntaxe joue des contrastes, des couleurs, des rythmes, de la danse parfois avec une grande fluidité et poésie. Un très beau disque.