"I was a car, and now I'm the road"

Comment ne pas être dubitatif quand on apprend que ce disque totalement foisonnant a été enregistré en une dizaine de jours. La fougue de la jeunesse sûrement. Une pointe de talent également. Il en faut pour pouvoir sortir ce genre d'album.

Cameron Winter n'en manque pas. Il le prouve avec Geese ou en solo. La réussite de Heavy Metal, son disque solo sorti début décembre 2024 n'a annihilé ni la maîtrise ni la cohésion du groupe qui n'aura jamais sonné aussi bien (entre le son d'ensemble et profondeur, on ajoutera une excellente production par Kenneth Beats).

Ce qui frappe d'emblée dans ce Getting Killed, c'est l'aptitude à mélanger les styles : du garage, du blues, du rock indé, de la pop, du gospel, de la folk, du CAN (période Ege Bamyasi), du post-punk (plaçant Geese en ce qui concerne ce genre dans la même cour que Black Country, New Road ou Black Midi). C'est également, la voix magnétique de Cameron Winter rappelant parfois un mix entre Eddie Vedder et Thom Yorke. Et puis l'intensité.

Mais le groupe ne fait pas que mélanger les esthétiques avec aisance, il sait surtout créer des mondes sonores et le groupe n'est jamais aussi pertinent que lorsqu'il laisse s'épanouir ces univers : "Long island city here I come", "Islands of men", "Getting Killed").

Même si on peut reprocher un certain manque d'audace dans la structuration des morceaux (un peu le mal des groupes indies actuellement) reste des chansons, sans compromis portée par une ferveur, une théâtralité presque et une urgence. Le fond plus que la forme en quelque sorte.

On dit un peu trop souvent, un peu trop facilement que le rock est mort. Naturellement, il a clairement perdu de sa superbe et les groupes vraiment enthousiasmants, innovants se comptent sur les doigts de la main. Même si ce Getting Killed est vraiment intéressant et plaisant difficile de dire si Geese en fait partie.