D'après le texte de Annie Ernaux, mis en scène par Marianne Basler, avec Marianne Basler .
En 2000, Annie Ernaux publiait le récit de son avortement, pratiqué en 1963, alors qu'elle était une toute jeune étudiante en littérature, à Rouen.
Le texte, écrit à la première personne, intense de colère et de lucidité, témoigne de l'âpreté des conséquences que la jeune femme d'alors aura à assumer totalement seule, quatre ans avant la légalisation de la pilule contraceptive et douze ans avant la loi Veil.
Une écriture puissante sur le combat des femmes au sujet de leur liberté d'agir et d'être, dans une époque qui érige en codes sociaux "bonne" morale et sujétion.
Sur les planches du Théâtre de l'Atelier, une table et une chaise pour seul décor, scène sur laquelle Marianne Basler incarne remarquablement l'autrice, avec épure et précision.
Sa longue silhouette se meut de tableau en tableau, son phrasé est précis et tranchant, qui rappellent la figure d'Annie Ernaux sans l'imiter.
La prose crue et cinglante de l'autrice, sans apitoiement sur sa propre condition, nous tient en haleine tout au long du récit de ce terrible et inéluctable évènement.
Elle nous fait revivre son expérience par le souvenir inscrit dans son corps et aussi par le prisme des inégalités de genre et sociales de l'époque.
À l'heure où le droit d'avorter est régulièrement remis en question, cette pièce nous rappelle qu'un droit ne devrait jamais être considéré comme acquis.
Une piéce de théâtre née d'une oeuvre littéraire, livrée comme acte politique.
Politique et social, ultimement nécessaire.
