Texte de Antoine Leiris mis en scène par Olivier Desbordes avec Mickaël Winum et Moone (musique).
On se souvient du texte bouleversant "Vous n'aurez pas ma haine" qu'Antoine Leiris avait publié trois jours après l'attentat du Bataclan, en novembre 2015, en apprenant que sa femme Hélène y avait perdu la vie.
S'en est suivi un récit de l'après, où l'auteur dépeint avec une bouleversante humanité les étapes du deuil, sa volonté ultime de vivre, malgré tout, de se souvenir de l'amour fou qu'il avait vécu avec Hélène, et d'inventer une autre façon de le faire vivre au travers de leur petit garçon.
Comment écrire l'indicible, les sentiments si forts et intenses que les mots pour les décrire semblent ne pas exister.
Comment se relever d'un tel cataclysme émotionnel. C'est pourtant ce qu'avait réussi à faire Antoine Leiris, avec sa lettre et son livre, devenus les symboles de la résilience.
Olivier Desbordes met en scène ce seul en scène en tableaux qui allient subtilité et émotion, offrant au texte d'Antoine Leiris un écrin de délicatesse.
Mettre en scène ce texte aurait pu s'avérer une tâche insurmontable, tant il est puissant et personnel.
C'est pourtant avec adresse que ses mots ont résonné ce soir, sur cette scène du théâtre actuel de la Bruyère, devant une salle chargée émotionnellement, s'attendant à ressentir une peine déjà vécue de façon collective il y a dix ans.
La mise en scène sobre, basée sur un jeu d'éclairages restitue parfaitement les instants avant, pendant et après cette tragédie.
La musique, jouée en live par Moone, a elle aussi une part importante dans le récit. Elle accompagne de façon sobre et juste les émotions retranscrites par un Mickaël Winum habité par son personnage.
Les larmes d'Antoine sont devenues les siennes dans ces moments de solitude et de chagrin impossibles à partager, cette vie qui malgré tout poursuit son cours, ne serait-ce que dans le regard de son petit garçon pour qui l'existence ne fait que commencer mais qui devra désormais se passer d'une moitié d'amour.
Un spectacle bouleversant !
