Spectacle de Jean Pierre Dopagne, mis en scène par Cedric Garoyan avec Eric Fardeau.
Qu'est-ce qu'un professeur de littérature ?
C'est la question que ce "Prof !" pose à sa classe de Terminale pour démarrer l'année, qui ne va pas se passer exactement comme on aurait pu s'y attendre.
On peut s'interroger en effet sur la fonction du professeur aujourd'hui, passeur de connaissances, gardien d'une certaine tradition ou, pour les plus mal lotis, simple garde chiourme.
C'est le sujet que soulève le texte de Jean-Pierre Dopagne dans ce seul en scène où le comédien Éric Fardeau évoque un passé de professeur de littérature qui devient du jour au lendemain un monstre, coupable du pire des crimes, aboutissement d'une carrière qui oscille entre les voies de la dépression ou de l'alcoolisme pour finalement choisir une troisième option, bien plus terrible.
Le professorat n'est pas une sinécure, tant il demande - nous dit-on - de talent pour conjuguer pédagogie, patience, ruse pour déjouer les provocations, et une opiniâtre volonté de faire découvrir à un jeune public peu disposé les grands classiques de la littérature...
Que reste t-il, dans ces conditions, à ce prof qui a idéalisé son rôle d'enseignant, pour ne pas laisser le dépit s'imposer et la rage ravager, puisqu'ici, c'est le pire qui advient...
Humour noir, drame social, on oscille au fur et à mesure que l'acteur, Éric Fardeau, nous retrace l'histoire de ce sanglant et absolu échec.
Le message est mordant, acerbe, terrible et drôle mais avant toutes choses, il est désabusé.
La foi qui anime les enseignants en début de carrière et leur vocation, tout ici vole en éclats, jusqu'à l'absurde. La désillusion reste le sentiment principal qui pousse le prof jusqu'au geste le plus extrême et absurde.
Certains propos frisent la comédie, d'autres nous font sursauter d'effroi...
Et nous laissent une impression très ambivalente, dans le contexte d'une actualité si trouble.
Fable féroce et avant tout satyrique, Prof est un spectacle qui bouscule, qui peut même déranger, quitte à ne pas faire l'unanimité, mais il est surtout le témoin du désenchantement d'une partie du corps enseignant.
Message caricatural à prendre avec humour et... un certain recul.
