Réalisé par Marie-Hélène Roux. Drame. 1 heure 45 minutes. Sortie le 24 septembre 2025. Avec Isaach de Bankolé, Vincent Macaigne, Manon Bresch, Babetida Sadjo et Déborah Lukumuena.
Heureusement, beaucoup de spectateurs connaissent l'histoire du docteur Denis Mukwege, médecin congolais devenu prix Nobel de la Paix. "Muganga, celui qui soigne" les confortera dans cette connaissance et légitimera son prix Nobel, celui obtenu par un homme qui sauve des corps de femmes dans une région où les hommes se massacrent entre eux pour le coltan, minerai nécessaire pour que fonctionnent les sacro-saints portables.
Pour ceux qui ignoraient qu'ils contribuaient en multipliant les "selfies" et les "chats" à une guerre entre milices, mafieux et états africains, une guerre qui a déjà fait des millions de morts, le film de Marie-Hélène Roux sera une révélation.
Pour une fois, il n'y a pas à s'intéresser à l'esthétique choisie par la réalisatrice, "Muganga, celui qui soigne" est un film où le sujet prime, où le sujet suffit.
Grâce à l'interprétation très intériorisée d'Isaach de Bankolé, tout en colère retenue, le docteur Mukwege paraît vraiment un être exceptionnel, charismatique, qui incarne sans affectation le bien face au mal qu'il attire justement parce qu'il est la bonté même. Tout le contraire des figures coloniales d'antan, des Pères de Foucaud et des Docteurs Schweitzer. Ici, personne ne contribue à sa mythification : il est déjà en lui-même, et sans avoir besoin d'un costume de saint religieux ou laïc, un mythe dans les yeux de celles qu'il essaie de sauver pas à pas, sans faire forcément des miracles, simplement en tentant tout ce qu'il peut tenter humainement.
Le film se situe au moment, réel, où un médecin belge, inventeur d'une méthode révolutionnaire pour opérer en limitant les risques, le rejoint dans cet hôpital, qu'il a dû, hélas, fuir depuis. Vincent Macaigne réussit lui aussi une très belle prestation et l'on n'oubliera pas le "couple" Bankolé-Macaigne. A eux deux, ils font face à une myriade d'actrices féminines, toutes remarquables.
"Muganga, celui qui soigne" de Marie-Hélène Roux est mieux qu'un biopic puisqu'il n'est pas rétrospectif et raconte une étape d'un homme qui est bien vivant et qui n'a pas fini d'agir. Un homme qui est une grande conscience, de celles dont on a besoin à une époque où on en manque.
