Bien sûr il y a la figure, le fantôme même de Rostropovitch derrière ce programme triangulaire (Concerto n°2 et Sonate pour violoncelle et piano de Shostakovich, Sonate pour violoncelle et piano de Britten) qui ressemble fort à l’ascension du Mont Ventoux par Malaucène mais Sheku Kanneh-Mason s’en sort avec les honneurs (très largement concernant le Concerto n°2).
Accompagné du Sinfonia of London dirigé par John Wilson ou par sa sœur Isata Kanneh-Mason, le violoncelliste fait preuve une nouvelle fois d’une belle intelligence de jeu, particulièrement flagrant dans l’ascétisme, dans l’intense et sombre sobriété tout en intériorité que réclame le Concerto n°2 de Shostakovich. Chaque coup, chaque nuance, chaque trait d’esprit (c’est une œuvre pour le moins déroutante, pleine d’amertume, de désespoir, d’ironie, humour noir et de sarcasme), chaque articulation est finement pesée et touche clairement au but.
Dans la Sonate pour violoncelle et piano, Kanneh-Mason joue continuellement à l’équilibriste entre sévérité et sensibilité, un "en même temps" qui ici fonctionne.
L’interprétation de la Sonate pour violoncelle et piano de Britten est un cran en dessous, manquant parfois de lisibilité, de cohésion sonore et de cohérence. Mais un cran en dessous du magistral reste plus qu’honorable !
Saluons également l’excellence de la mise en son qui offre à entendre tout les reliefs et les détails (parfois si importants) d’un bel orchestre.
