L’année dernière, au bout de trois jours, je n’étais pas certaine de rempiler pour La Route du Rock encore une fois. 20 ans sans interruption (hors Covid) c’est beaucoup.

Cette année, avec les "aléas de la vie" comme on dit, j’en ai eu besoin. Besoin de retrouver les copains. Et puis j’avais très envie de voir Pulp pour la première fois, revoir Yard Act (je ne compte plus), et surtout dire au revoir à Porridge Radio qui font déjà leur tournée d’adieu.

En plus, la météo a confirmé la chose : pas besoin de bottes cette année !

Arrivée en gare de Saint-Malo, j’attends la navette à peine 15 minutes. On est en milieu d’après-midi le camping est calme. Aujourd’hui, ce sont vraiment les retrouvailles avec les copains. La programmation, un peu moins.

J’arrive sur le site au public parsemé et Memorials est déjà sur la scène des Remparts. Je commande un Spritz Breton (si, si) en me disant que la chanteuse a la même voix que Verity Susman. Coïncidence ? Pas du tout ! Il s’agit bien de Verity Susman, LA voix de feu Electrelane. Je n’entre pas dans le set, je n’arrête pas de me dire que je reverrais bien les furieuses de Brighton.

Black Country, New Road sur la scène du Fort, c’est toujours aussi cool mais certaines personnes du public y vont de leurs commentaires "je croyais que ça s’appelait La Route du Rock ! Il est ou le rock ?" (on y a droit au moins une fois tous les ans !). C’est vrai que c’est calme mais ça permet une entrée tout en douceur… avant La Femme.

Je vais être claire : pourquoi La Femme ? Je ne questionne pas la programmation du groupe. Je questionne l’engouement pour ce groupe. Ils ont leurs fans de mon côté de la Manche aussi, sont souvent programmés sur BBC 6 Music (la meilleure radio du monde)… et pourtant, avec moi, ça veut pas. Je reconnais leur super énergie, tellement adéquate en festival mais je me suis demandée s’ils étaient contents d’être là (et je manque totalement d’objectivité donc !).

Je vais donc manger afin d’être prête pour King Krule. Dès les premières notes, je me dis que je vais me prendre une claque… qui n’est en fait jamais arrivée. Un set très inégal, des montées en puissance qui ne vont pas au bout et me rendent frustrée. Mais curieuse de revoir le groupe en configuration salle de concert. Là, j’en suis sûre, la claque arrivera !

Overmono arrive avec du gros son… et malheureusement des grosses lumières aussi qui font que je tourne le dos à la scène pour finalement rentrer au camping et éviter la migraine. Il est 2h30. Honorable pour une première soirée !

Vendredi, c’est MA soirée et c’est aussi LA soirée cette année puisque c’est complet et on n’avait pas vu ça depuis bien longtemps. La faute à Jarvis.

Ce soir, je ne veux pas rater Porridge Radio, venus il y a 3 ans sur la scène des Remparts, mais ce soir c’est sur la scène du Fort qu’ils donnent leur dernier concert en France et en Europe. Je suis déjà emplie de mélancolie, je suis le groupe depuis pas mal de temps, j’ai vu Dana Margolin en concert solo dans une toute petite église au centre de Londres (mes genoux ont encore mal) et je ne suis pas prête à leur dire au revoir.

Et pourtant il faut s’y faire. Ce soir, Dana interagit plus que d’habitude avec le public, remarque ce soleil rendu fou par les incendies en Espagne et au Portugal. Je suis triste de les voir pour la dernière fois parce que je ne sais pas encore qu’Ils feront 4 dernières dates par chez moi en décembre, dont une à Londres (billet acheté il y a quelques jours au moment où j’écris). Merci !

Gans arrivent sur la scène des Remparts. Je regarde de loin parce que je les ai vus à Londres en Octobre. J’adore l’énergie et l’urgence qu’ils dégagent et j’ai hâte de les revoir. Mais je mange un bout avant d’aller voir Yard Act.

Yard Act, c’est une découverte au tout début du Covid avec le morceau "Fixer Upper" donc je suis la seule à connaitre l’existence ce soir quand James Smith l’annonce (oui, c’est moi qui crie !). Eux aussi ont été promus sur la grande scène. Le trench a été remis au musée et ce soir, c’est leur énergie brute qu’ils nous donnent.

Contrairement à l’année dernière où la tournée de leur album Where is my Utopia s’était faite avec leurs deux choristes, ce soir c’est plus sobre. Comme le Yard Act des débuts. Je manque d’objectivité tant j’adore ce groupe et l’intelligence des textes de James Smith (il faut vivre au Royaume Uni pour en comprendre la plupart). Contrairement à leur concert au Hammersmith Apollo l’an dernier qui est dans mon top 3 des lives de ces 10 dernières années, celui-ci reste un très bon cru. Je me dis juste que ça va être dur pour la bande à Jarvis de passer derrière.

Avant ça, il y a Tropical Fuck Storm sur la scène des Remparts. C’est bien chouette de loin. Mais ce nom ! C’est quoi ce nom ?

Arrive la grand-messe Pulp. Au premier rang un père et son fils venus en moto de Nottingham exprès. Première fois en France. Moi, je coche une case sur ma bucket list. Pas contente que l’imbroglio en crush photo se passe pendant "Disco 2000", morceau qui m’a fait découvrir le groupe, quand j’étais encore au lycée. Jarvis a la bougeotte mais interagit énormément avec le public. Il est très classe Jarvis. Pas seulement à cause du costume ! On termine évidemment avec "Common People"… en ouverture de la Chenille !

Je voulais regarder de loin cette année. Je m’y suis retrouvée piégée donc j’ai dû m’y résigner, avant de filer voir Frankie and the Witch Fingers, MA découverte de cette édition (et je jure que les cheveux verts phosphorescents de la bassiste n’y sont pour rien !). Allez les voir quand ils sont par chez-vous ! Ça me va pas arrive très souvent, ils sont australiens ! Ils ferment le site avec ce qui est pour moi une vraie soirée Route du Rock du début à la fin.

Samedi. C’est déjà le dernier jour et j’ai plus de 2 fois 20 ans. La scène du Fort ouvre avec Fine ce soir, très beau et planant, mais un poil trop calme après la soirée d’hier.

J’écoute M(h)aol de loin, mais quelle énergie ! Il se passe décidément un truc en Irlande : Fontaines DC a fait des émules bien énervées et ça fait du bien !

Je découvre Trentmøller. Le Danois coiffé comme Nikola Sirkis est culte. Je ne sais pas où j’étais ces 15 dernières années, mais je n’étais pas sur son chemin et c’est bien dommage. Avec sa chanteuse Dísa Jakobs, j’ai l’impression un peu folle d’être avec une version electro de Mazzy Star. Une bien belle découverte.

Petit tour par la scène des Remparts pour Suuns, déjà passés par Saint-Père-Marc-en-Poulet. Toujours efficaces mais bien moins énergiques que dans mon souvenir. Se seraient-ils dit qu’un set plus calme avant Kraftwerk aurait plus de sens ?

Krafwerk en tout cas, ça ne change pas. C’est un groupe à première fois. La première fois qu’on les voit, on a envie de les revoir. La seconde fois, on se dit que ce n’était pas utile. Je les ai vus autour de 5 fois, en festival. Si j’ai apprécié cette année, c’est parce que j’étais à côté d’un pote qui les voyait pour la première fois. Il faut le dire, les vidéos sont exactement les mêmes depuis 20 ans (au moins !).

Je ne fais pas attention à Sega Bodega et passe juste par l’aftershow en rentrant au camping. L’aftershow dans les bois ou LA nouveauté de l’année dernière qui nous a enlevé le Macumba du camping, merci !

Cette belle édition ensoleillée s’achève donc avec un bilan à 27000 spectateurs, dont 12000 rien que le vendredi ! Une belle progression depuis la reprise post-Covid qui confirme la nécessité d’avoir une tête d’affiche comme locomotive qui amène le public. Le travail a déjà commencé avec cette logique pour l’année prochaine, grâce à l’arrivée de Mathieu Pigasse qui va faire un gros bien financier après les baisses des subventions de l’Etat. François Floret (directeur) est plutôt rassurant en insistant que le festival gardera son AND même s’il va y avoir plus de partenariats. A voir, donc.

Parce que La Route du Rock, c’est la famille. Tout le monde le dit. Les festivaliers qui reviennent comme moi tous les ans, citent les copains d’abord, avant la musique. François Floret ajoute "La Route du Rock c’est la réunion de famille des musiques indépendantes". Pourvu que ça dure.

Crédits photos : Jasmina Vulic (retrouvez toutes les séries sur Taste of Indie et sur son FlickR).