Texte de Benoît Philippon, mis en scène par Antoine Herbez, avec Josiane Carle, et Antoine Herbez.
Berthe, 102 ans, nous attend patiemment, assise sur sa chaise, son sac à mains sur les genoux.
Sa moue renfrognée est annonciatrice de confidences pour le moins inattendues. En effet, cette dame silencieuse, qui patiente, est là pour subir un interrogatoire.
C'est l'inspecteur Ventura qui va recueillir ses aveux, qui seront finalement formulés sans résistance, comme l'on déroule sa vie, paisiblement, mais de façon intransigente, au crépuscule de son existence. Berthe est une Ma Dalton d’Auvergne, prête à sortir sa pétoire au premier képi qui traine dans les parages.
Mariée 5 fois, elle a connu quelques contrariétés, et aussi un grand bonheur.
Au début de la pièce, cette centenaire acariâtre et misanthrope ne déclenche aucun élan d’empathie, mais sa repartie face au capitaine Ventura qui l’interroge et son irrespect nous amusent beaucoup.
C'est probablement alors que la prison s'annonce être sa prochaine demeure que Berthe semble la plus libre. Cette très vielle dame va en effet nous raconter, sans détour, les raisons qui ont mené tous ces individus à finir dans le sous-sol de sa cave.
C'est moins l'histoire d'une tueuse en série que d'une femme qui aura traversé le siècle en se faisant justice elle-même des violences extrêmes qu'elles aura subies. Au fil de la représentation, on se surprend à l’aimer, on découvre que ses crimes ne sont pas aussi gratuits qu’ils semblaient l'être et que derrière chaque mort, se cache une histoire, bien souvent sordide, qui nous rapproche un peu plus de Berthe.
Ce face-à-face entre l'accusée et l'enquêteur oscille entre ripostes pleines d'humour et récits émouvants, le jeu des deux comédiens est juste et rythmé, leur connivence est manifeste !
Féministe pragmatique aux méthodes quelque peu expéditives, mais diablement efficaces, cette Mamie Luger emporte le public avec elle, en nous décochant des rafales d’humour noir et d’humanité.
