Voilà un superbe duo réuni étrangement, étrangement parce qu’ils forment un couple à la scène comme à la ville, qu’ils ont l’habitude de jouer ensemble et tellement les deux musiciens sont faits pour s’entendre et se compléter musicalement, pour la première fois sur disque.
Un disque, disons-le tout de suite, qui est une véritable réussite et qui est une sorte de voyage dans une partie de la musique américaine du XXème siècle (Cuban Overture de George Gershwin, Dumbarton Oaks Concerto d’Igor Stravinsky, El Salón México d’Aaron Copland, Winnsboro Cotton Mill Blues de Frederic Rzewski, Balinese Ceremonial Music de Colin McPhee, Hallelujah Junction de John Adams).
Virtuosité, explosion de couleurs, sens du phrasé, des dynamiques et des nuances, écoute mutuelle sont donc au rendez-vous de cet Hallelujah Junction, l’obsédante et hypnotique pièce de John Adams clôturant le disque. Energie dansante également dans Cuban Overture de George Gershwin et El Salón México d’Aaron Copland, spiritualité et apaisement dans la pièce de Colin McPhee, la sophistication chez Stravinsky, puissance narrative et réel engagement physique dans le Winnsboro Cotton Mill Blues du trop méconnu Frederic Rzewski qui évoque en musique le côté aliénant du fordisme des années trente, les clusters en blocs compacts rappelant le rythme des chaines de montages et le son des usines et le blues comme une lumière perçant le grondement. Voilà un très bel acte de naissance sur disque d’un duo que l’on espère pérenne.
