C’est le souffle qui porte la musicienne Naïssam Jalal : celui qu’il faut pour faire chanter sa flûte traversière, celui qu’il faut pour faire "groover" sa musique (jazz, du monde…), celui de la révolte aussi, de la conscience politique, sociale, de la spiritualité et du mystique, de l’amitié.
En parlant d’amitié, ce dixième album est constitué de duos entre Naïssam Jalal et des musiciens "soufflants" : saxophonistes, clarinettistes, et tromboniste : Thomas de Pourquery, Archie Shepp, Louis Sclavis, Émile Parisien, Sylvain Rifflet, Yom, Robinson Khoury et Irving Acao.
Une bonne raison de partager le même amour pour la musique et de s’interroger sur "comment aborder la linéarité mélodique dans l’horizontalité ou en essayant de reconstituer une certaine verticalité ? Comment incarner le rôle de celui qui porte "fatalement" le discours mélodique ? Comment gérer le fait de se servir d’un élément aussi intime que nos souffles, l’air de nos entrailles pour créer du beau ? Cette mise à nue, qu’implique-t-elle dans notre rapport à l’intimité, au spirituel et à l’autre, celui ou celle qui nous écoute et qui entend le fruit de nos souffles ? Comment créer un discours musical en ne jouant qu’une seule note à la fois, continue-t-elle, même si certains d’entre nous essayons d’échapper à cette contrainte en créant des doubles sons avec nos instruments ou en ayant recours à la voix?"
Le résultat est absolument magnifique. Souffles est multiple, éventail de possibles : de l’abondance jubilatoire avec Thomas de Pourquery, Sylvain Rifflet, le spirituel avec Yom, l'intime avec Louis Sclavis, le fauvisme avec Émile Parisien ou Irving Acao, le mystérieux Robinson Khoury, l’intensité avec Archie Shepp.
Partage, émotion, joie, virtuosité, luxuriance, incantatoire presque, dialogue entre tradition et modernité, orient et occident. Et cette impression à l’écoute de ce disque de voir un grand arbre pousser vers le ciel, vers la lumière.
