Pièce écrite par Cédric Ingard, mise en scène par Bruno Banon, aec Sylvie Flora et Cédric Ingard.

Le public s'installe alors qu'un homme, seul sur scène, range des affaires, semble vider une maison.
Sur cette scène, une table et des chaises, et deux longs drappés blancs, qui vont devenir essentiels dans la mise en scène.

Cet homme, c'est José. Un homme accablé par le chagrin du deuil.
Cette maison, c'est celle de sa mère Suzie, où José a pris soin d'elle en fin de vie, alors qu'elle était touchée par la maladie d'Alzheimer. 

Alors que le rangement semble terminé, Suzie apparaît toute dansante et virevoltante, telle une chimère.

Quelle belle idée que d’avoir pour un moment, une soirée, une nuit, la visite impromptue d’un être cher à qui l’on n'a pas eu le temps ou su dire certains mots. Des mots qui deviennent, au fil du temps, un fardeau à supporter jour après jour.

Quelle trouvaille que d’entendre des paroles de réconfort de la part d’une personne disparue, des paroles gardées pour soi par maladresse, par pudeur ou pour d’autres raisons que l'existence nous réserve.

C’est le sujet de cette remarquable pièce écrite par Cédric Ingard dont il incarne le personnage masculin, et mise en scène par Bruno Banon

L'apparition de Suzie est une ultime danse, qui emporte dans son tourbillon la tristesse de son fils, et les spectateurs en même temps !

Les souvenirs, les sentiments gardés secrets et les non-dits s’emparent de ce texte ciselé et font s’envoler des dialogues aux frontières de la poésie, de l’émotion et de l’humour toujours omniprésent dans la personnalité de cette mère fantasque.

Les deux comédiens sont époustouflants de justesse et d’émotion.

Sylvie Fiora illumine la salle de sa fantaisie et de sa grâce, comme un papillon fraîchement éclos, avide de cette deuxième vie. Elle nous emporte par moments dans des envolées poétiques échevelées, pour brutalement et prosaïquement retrouver la réalité dans un effet de rupture plein d’humour.

Cédric Ingard, qui incarne son fils, reste au début du récit dans une retenue pudique et émouvante, mais rejoint très vite la fantaisie de sa mère pour nous subjuguer dans cette pièce d'une grâce étonnante.

La mise en scène, toute en sobriété, évoque avec ses voiles avec lesquels les comédiens jouent, le lien filial, les différents états de conscience,le passage vers l’au-delà, et les autres mondes possibles.

Une pièce qui joue comme d’une harpe sur nos cordes sensibles et notre vécu.

À voir absolument !