Réalisé par Kohei Igarashi. Drame. 1h34. Sortie le 16 juillet 2025. Avec Sano Hiroki, Miyata Yoshinori, Nairu Yamamoto .
"La mer", aux Etats-Unis, est devenue "Beyond the sea". C'est Bobby Darin qui l'a adapté et en a fait un standard universel. Si Kohei Igarashi avait cherché un titre vraiment en rapport avec son film, et pas préféré un titre totalement dilettante, il l'aurait appelé comme la chanson. C'est vrai qu'il était déjà pris par un biopic dans lequel Kevin Spacey jouait le destin tragique de Bobby Darin.
Pour tout arranger, il faut avouer que la version que l'on entendra dans toute la station balnéaire près d'Izu où sont allés traîner leur ennui Sano et Miyata n'est pas celle de Bobby mais celle de Robie (Williams). Autre aveu, le fil rouge du film n'est même pas la chanson volée à Trenet par les Anglo-saxons, c'est une casquette rouge, banale mais très sparadrap du capitaine Haddock et que Sano espère retrouver miraculeusement lors de son second voyage près d'Izu. Entre les deux voyages, il y a eu le COVID, époque dont il suffit d'évoquer le nom pour que tout ait le goût d'un aventure dangereuse dans laquelle il ne faut pas rentrer de nouveau...
C'est d'ailleurs ce que fera, sans résultat, Sano alors que le spectateur attentif aura in fine et in extremis la solution pas très maligne à ce mystère à la perlimpinpin... C'est ça le cinéma, un art où le spectateur même le plus bête finit par en savoir plus que le personnage intelligent auquel il n'aura peut-être même pas pris la peine de s'intéresser.
Ce qu'on peut dire sans révéler quoi que ce soit, c'est en utilisant une expression assez vide de sens et conforme à ce film ovni : tout cela est bien déceptif. Comme une histoire d'amour avec en fond sonore "Beyond the sea", une histoire qu'on n'a pas su - ou voulu - conclure et qui était sans doute la bonne, casquette rouge ou pas sur le chef. Sano s'est longuement baladé avec Nagi avant que leurs portes d'hôtel se referment instantanément sur l'occasion manquée, sur la nostalgie de cette promenade nocturne sans après. Ne restent que des regrets, des superlatifs qui font les titres de films idiots et désespérés.
On croyait ne rien savoir de Kohei Igarashi et l'on s'aperçoit qu'il a réalisé, ou plutôt coréalisé un chef d'œuvre, Takara (2017), avec un réalisateur français dont le nom bizarre réveillera quelques souvenirs aux cinéphiles, notamment ceux qui auront vu, outre Takara, Les Enfants d'Isadora et Le Parc.
Ensemble le réalisateur japonais et son collègue français ont montré qu'ils étaient des disciples (libres) de Michelangelo Antonioni. Leur collaboration aura sans doute été le fruit du hasard. N'empêche qu'ils sont désormais libres et que, chacun reparti de son côté, est en train de déposer des petits cailloux cinématographiques dont le sens est pour l'instant encore gentiment obscur. Tout finira par s'éclairer ou s'obscurcir davantage. De toute façon, il y a de la légèreté dans l'air et des souvenirs à glaner de-ci de-là.
Un ton plein de charme, pour un film qu'on n'oubliera pas le long des golfes clairs.