Spectacle adapté par Anne Martinet d'après l'oeuvre de Stefan Zweig, mis en scène par Juan Crespillo, avec Anne Martinet.
Vêtue de noir, ongles vernis et bijoux, elle vient raconter son histoire. Celle d'une femme bourgeoise et réservée qui se surprend à suivre un inconnu qu'elle voit perdre au casino et par qui elle est immédiatement et inexplicablement attirée.
Prise d'une soudaine pitié, elle va le suivre pour le sauver mais l'addiction au jeu du jeune homme sera plus puissante que toute sa bonne volonté.
L'histoire cruelle de Stefan Zweig, qu'il dépeint on ne peut mieux dans "24 heures de la vie d'une femme", prend ici une dimension incroyable de modernité, dans une très belle intimité, la scénographie réduite à son minimum pour ne se concentrer que sur l'évolution du récit à travers le visage et le corps de cette femme.
Dans la lumière ciselée de Stéphanie Daniel, le jeu de la comédienne, la mise en scène sobre et la direction au cordeau de Juan Crespillo font de cette confession (adaptée par la comédienne elle-même) un moment de théâtre grandiose.
Anne Martinet, vibrante du début à la fin, fait passer toute l'évolution des sentiments de son personnage plongée dans les affres de la passion. Elle en montre avec finesse et sincérité à la fois la fragilité, la fièvre ou la déception.
Et tout son corps en porte les stigmates : ses mains tremblent, son visage est marqué par l'effarement et la douleur. C'est un travail magistral de subtilité que le public suit captivé.
Une interprétation brillante et rare marquée du sceau de l'excellence qu'on ne saurait rater.