Il y a des moments dans la vie où tout vous revient en bloc, comme si vous voyagiez dans le temps à la rencontre de votre jeunesse perdue.
En ce qui me concerne, le mois de juin 2025 est plutôt chargé en émotions puisque sortent coup sur coup le nouvel album de Pulp, le premier après 24 ans et le nouvel album de Stereolab qui n'avait rien sorti depuis 15 ans.
Me revoilà donc au fin fond des années 90 plongé dans les rayons de la Fnac de Saint-Etienne et son rayon indé qui était ma fois d'assez belle facture.
Je ne résiste pas d'ailleurs à vous raconter une petite anecdote qui, mine de rien, scellera mon destin au sujet de Stereolab pour toujours. Ainsi le jour de la sortir de Switch On, premier disque du groupe, je n'ai pas honte de dire qu'après mes cours, je m'étais rué à la Fnac pour récupérer ce précieux Graal dont Bernard Lenoir nous rebattait les oreilles depuis quelques semaines au travers du titre "Superelectric". Quel ne fut pas mon désarroi de constater que le disque n'était pas en rayon ! Heureusement, le disquaire de l'époque me connaissant plutôt bien me rassura bien vite "on l'a reçu me dit-il mais j'ai pas le temps de le déballer, reviens demain". Quoi ? Pas question, sans doute qu'il ne se rend pas compte que c'est quasiment une question de vie ou de mort. Résultat des courses, j'ai passé une grande partie de l'après-midi à éplucher les bacs de disques et le rayon librairie en attendant qu'il veuille bien déballer ses cartons pour enfin repartir avec mon précieux. Quelle joie de le glisser, à peine sorti de la Fnac dans mon inséparable Discman Sony pour rentrer chez moi !
Ce souvenir, ce morceau "Superelectric" font que je voue une affection toute particulière à Stereolab et à Laetitia Sadier (connue d'ailleurs à l'époque sous le prénom Seaya (plus facile à prononcer pour les Anglais, puisque bien que française, elle y vivait depuis déjà quelques années).
Bref, vous l'aurez compris, mon avis sur Stereolab n'est pas objectif. Donc, oui Instant Holograms on a Metal Film est un excellent album de Stereolab. Écoutez-le.
Pour approfondir un peu, on a vraiment l'impression qu'après toutes ces années, après les albums solo de Laetitia Sadier (sous son nom ou sous celui de Monade), les projets parallèles de Tim Gane, autre tête pensante du groupe, malgré le décès de Mary Hansen (chant et clavier) dans un accident de la route en 2002, malgré tout ça on retrouve Stereolab comme on les avait quittés. Leurs bidouillages electro vintage de Gane et la voix si caractéristique de Sadier sont toujours là et on se régale de ces 13 titres qui, durant une heure, nous replonge dans un monde à part entre krautrock, musique de film et poésie des textes de Sadier.
"Aerial Troubles" nous hypnotise d'entrée, juste après la belle intro instrumentale de "Mystical Plosives" et "Melodie is a wound" continue d'accompagner notre voyage dans le temps. Les arrangements de cuivre sur le très 70’s "Immortals hands" nous font penser aussi au travail de Astrobal qui a d’ailleurs collaboré avec Laetitia Sadier ou à Calibro 35. Les morceaux semblent à la fois tellement frais et nouveaux et à la fois parfaitement ancrés dans le travail précédent du groupe. Et c'est tant mieux car il y a fort à parier que nous aurions été déçus d'une trop grande évolution de ce groupe qui est devenu sinon culte (quoique), en tout cas une référence pour tout un pan de la musique indé post 90. Révolution donc (on retourne au point de départ) plutôt que réelle évolution mais pour notre plus grande joie. Par ailleurs, ce Instant Holograms on Metal Film va bien au-delà du simple album de plus d'un groupe qui jouerait sur la nostalgie de ses fans, il y a dans ce disque quelques merveilles qui n'ont rien à envier à leurs aînés et le génie créatif de Gane / Sadier est au mieux de sa forme !
Evidemment, comme pour Pulp, cette bouffée de nostalgie bienvenue s'accompagne inévitablement d'un pèlerinage dans la discographie du groupe.