En mai 2024, je découvrais Le temps des cerises de Montserrat Roig, un ouvrage qui faisait hommage à la Catalogne mais aussi un ouvrage profondément féministe. C’était donc l’occasion de découvrir une grande auteure, aujourd’hui disparue qui, par la force de sa plume et de son engagement est devenue une femme saluée dans le monde entier. Son œuvre, placée aux côtés de celles d’Annie Ernaux ou de Goliarda Sapienza va être traduite aux USA, dans la prestigieuse collection Modern Library.

L’histoire se déroule toujours à Barcelone en 1979. Natàlia Miralpeix trouve le journal intime de sa mère Judit et le confie à son amie Norma, écrivaine, pour qu’elle en fasse un roman. Norma découvre que Judit, mariée à Joan parti à la guerre, a élevé seule ses enfants, avec pour seule confidente la fougueuse et bohème Kati, éprise d’un soldat des Brigades internationales pendant la Guerre d’Espagne. L’écrivaine comprend que le destin des deux femmes a été soumis à celui des hommes et à la grande Histoire.

Oeuvrant à sa saga magistrale des Barcelonaises, Roig fait tourbillonner tourments amoureux, tragédies familiales et regrets dévorants, dans ce roman majeur de la littérature catalane au style audacieux et libre, à l’image de Roig elle-même.

Voilà là un beau roman, encore, que nous propose l’auteure espagnole, un beau roman sur les femmes de différentes générations. C’est aussi un très bel ouvrage qui nous décrit l’Eixample, le quartier natal de l’auteur, qui durant le règne de Franco et jusqu’aux années 60 a abrité la bourgeoisie barcelonaise. Montserrat Roig nous dépeint l’évolution architecturale, financière et sociologique de ce quartier. Comme pour Le temps des cerises, on sort de cet ouvrage captivé par l’ecriture de l’auteure, envoûté par l’atmosphère de Barcelone, une ville incroyable au final.