Il y a quelques années, en 2017, Olivier Guez consacrait un ouvrage à Josef Mengele qui m’avait particulièrement plu. La disparition de Josef Mengele nous faisait suivre sa cavale en Amérique du Sud et en même temps, il nous dressait le portrait psychologique de celui que l’on nommait "l’ange de la mort".

En ce mois d’avril, c’est au tour des éditions Perrin de nous proposer un ouvrage d’histoire consacré à Josef Mengele. A la plume de cet ouvrage se trouve Bruno Halioua, un dermatologue chargé de cours d’histoire de la médecine à La Sorbonne. Il a récemment publié chez Perrin Les médecins d’Auschwitz.

Ce livre retrace de façon exhaustive la vie hors du commun d'un médecin nazi particulièrement cruel, Josef Mengele. Comment cet homme en est-il arrivé à rompre le serment d'Hippocrate d'une manière si monstrueuse ? L'auteur des Médecins d'Auschwitz relate l'enfance de Mengele à Günzburg, son avenir prometteur dans la médecine, la rencontre avec sa future épouse et son mariage. Une première époque tournée vers la vie.

Soldat au service de Hitler à partir de 1940, c'est comme médecin qu'il entame sa funeste carrière de bourreau, en 1943. D'abord à Auschwitz, puis au camp des Tsiganes, et enfin à Birkenau, orchestrant des expériences atroces et souvent létales sur les prisonniers. Profondément antisémite, le tortionnaire allemand ne fait preuve d'aucun égard pour la vie et la dignité humaine des déportés ; pour ce docteur en anthropologie, les Juifs doivent être éliminés et ce, au service de la science.

À la fin de la guerre, commence pour Mengele une longue cavale qui va le conduire de tanière en tanière, depuis Munich jusqu'au Brésil, en passant par l'Argentine et le Paraguay. Durant ses nombreuses années de fuite, il déclarera régulièrement qu'il est toujours en vie, et des témoins croiront le voir aux quatre coins du globe.

Celui que ses victimes appelaient "L'Ange de la Mort" décède le 7 février 1979, étant parvenu à échapper à la justice. C'est seulement en 1985 que le monde apprendra la disparition du fugitif, tue jusque-là par ses protecteurs. Jamais Josef Mengele ne répondra de ses actes abominables, mais cet ouvrage exemplaire permet de ne pas les oublier.

La vie de Josef Mengele est un véritable roman, on comprend pourquoi Olivier Guez s’en est emparée. Le livre que nous proposent les éditions Perrin se lit donc évidemment aussi comment on pourrait lire un roman, c’est-à-dire très facilement même si les actes commis par Mengele sont monstrueux.

L’ouvrage est construit autour de plusieurs parties qui reviennent d’abord sur son enfance tranquille à Gunzburg, sur ses études de médecine dans les années 30, sur sa carrière militaire exemplaire et héroïque entre 1940 et 1943.

Une partie est évidemment consacrée à son surnom, l’ange de la mort, en rêvant sur Auschwitz, sur son rôle dans les opérations de gazage, sur son activité de médecin dans le camp tsigane puis ensuite à Birkenau. Le chapitre nous parle aussi des expériences qu’il a fait dans ces camps d’extermination.

La suite de l’ouvrage est consacrée à son départ d’Allemagne après 1945, quand il devient fugitif en cavale, à ses escapades en Argentine et au Paraguay pour ensuite vivre clandestinement au Brésil jusqu’à sa mort. A la fin de l’ouvrage, on nous précise ce que sont devenus les médecins SS et les médecins déportés.

Une fois encore, les éditions Perrin nous proposent un ouvrage de grande qualité consacré à un être d’une grande inhumanité qui a sévi pendant la Shoah, échappant ensuite à la justice internationale suit à une cavale rondement menée.