Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir".
Harmonie du soir, Baudelaire.

Le trio composé d’Hugo Meder au violon, Bo-Geun Park au violoncelle et Kojiro Okada au piano, fondé en 2016 au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, avec déjà une belle reconnaissance internationale est allé chercher son nom notamment chez Ravel (second mouvement du Trio pour violon, violoncelle et piano) et fait référence au pantoum, terme emprunté à la poésie malaise, définissant un poème en quatrains dans lequel les 2ème et 4ème vers de la première strophe sont repris en 1ère et 3ème places dans la deuxième et ainsi de suite et où deux idées différentes sont développées, il n’est donc pas étonnant que pour son premier disque, il mette à l’honneur justement le trio de Ravel.

Une interprétation toute en contrastes qui met en valeur les dynamiques parfois tranchantes, la glaçante et sombre passacaille, on y entend, dans cet art de l’équilibre, la quiétude d’un soir d’été au Pays basque, l’inquiétude face à une guerre qui ne va pas tarder à commencer, un pied de nez aux rigoristes dans le second mouvement, le passionnel et lumineux dernier mouvement.

Pour accompagner le trio de Ravel, celui plus élégiaque et romantique d’Anton Arensky rappelant par bien des aspects celui de Mendelssohn et qui trouve son climax dans le tumultueux troisième mouvement.

Le disque se termine avec Emojis, Likes and Ringtones, composition de Miroslav Srnka, étoile montante de la musique tchèque datant de 2018, critique acerbe d’une société où les émotions sont enfermées dans des cases, réduites à des images définies.

Une belle réussite.