Le studio Dogubomb basé à Hollywood travaille habituellement pour les autres que ce soit dans le domaine du jeu vidéo ou bien dans celui des films.

Mais comme dit l’adage, on n’est jamais mieux servi que par soi-même et Dogubomb a décidé de se faire plaisir avec ce premier jeu : Blue Prince.

Bien leur en a pris puisque à peine sorti (en avril 2025), le jeu fait déjà parler de lui.

Il faut dire qu’il a quelques atouts.

Tout d’abord, il faut savoir que ce jeu est ce que l’on pourrait qualifier de rogue lite. Je ne vais pas vous refaire un cours d’histoire du jeu vidéo alors sachez juste que Rogue c’est un jeu du début des années 80 d’exploration de donjons qui a pour particularité, lorsque vous perdez de devoir tout reprendre à zéro. Depuis les jeux qui conservent ce principe se classe en deux catégories : la plus dure, les rogue-like (on respecte strictement le principe de Rogue, on perd tout à chaque partie) et les rogue-lite dans lesquels on conserve entre chaque game over une partie de son butin et / ou de ses compétences.

Bref, on est ici clairement dans un rogue-lite, même si la mort est remplacée par un changement de jour. On va voir tout cela ci-dessous.

Alors donc, Blue Prince c’est quoi ? C’est un jeu qui raconte à la fois une histoire, celle d’un personnage dont le grand oncle est décédé et qui hérite de son manoir. MAIS… il faut pour valider cet héritage trouver la 46ème pièce d’un manoir qui n’est sensé en comporter que 45. Simple et efficace.

Nous voilà donc parti, au fil des jours, à explorer ce manoir et à visiter des pièces à n’en plus finir, pour y trouver, tantôt des éléments aidant à l’aventure, tantôt des malus qui entravent la bonne marche de l’histoire.

Deux éléments néanmoins ajoutent une certaine difficulté et tout le piquant au jeu. Le premier c’est que nous avons un nombre de pas limité par jour (50 pas, qui sont en fait le nombre de seuils que l’on peut franchir en passant d’une pièce à l’autre) mais également et c’est bien là le truc le plus épatant de ce jeu, le fait que la disposition et l’apparition des pièces changent au gré des parties. En effet, lorsque l’on franchit une porte, nous sont proposées 3 salles tirées au sort et nous devons en choisir une selon une stratégie qui variera selon les joueurs : le hasard, le nombre de portes nous ouvrant des perspectives de nouvelles pièces, la couleur des pièces (qui nous donne des indices sur ce qui nous y attend : bonus, malus, énigmes à résoudre, objets à acheter, etc.), les objets que l’on pourrait trouver dans les pièces, etc.

A partir de là, des stratégies vont se mettre en place pour, au gré des jours, accumuler des connaissances, faire apparaître des coffres, stocker des objets au vestiaire pour les récupérer plus tard et mettre tout en oeuvre pour, enfin, réussir à accéder au graal qu’est cette 46ème pièce !

Évidemment, selon les pièces que nous allons tirer au sort, nous risquons d’être confrontés à des portes fermées, voire à pas de porte du tout. Si plus aucun chemin n’est possible dans la maison, ou que nous avons épuisé nos pas quotidiens, il faudra se résigner à revenir le lendemain en abandonnant évidemment les objets que nous aurons récupérés (clés comprises) et le plan de la maison qui changera donc lors de la partie suivante.

Néanmoins, on finira par découvrir au fil des jours de nouveaux indices, comprendre comment fonctionne telle ou telle autre pièce, on pourra aussi se restaurer ou se reposer (en passant par la chambre) pour récupérer des pas. Ainsi chaque jour sera différent, jusqu’à atteindre cette fameuse 46ème pièce. Encore, et encore.

Il faudra être patient pour arriver au bout de Blue Prince. Au gré de nos pas, une "journée" peut durer quelques minutes ou une heure. On cherche, on fouille, on note les indices pour la fois suivante et petit à petit s’élabore une histoire.

Ce jeu qui aurait pu être un jeu de plateau fait de cartes, de pions et de dés (et d’ailleurs au vu du succès rencontré, je ne serai pas étonné qu’un éditeur se penche sur la question), part d’un principe ultra simple pour proposer un jeu à la durée de vie quasi inépuisable (le hasard fait que même avec la bonne stratégie on pourra sans peine y rejouer) et qui peut se jouer autant seul qu'à plusieurs (comprendre, plusieurs autour d’un même écran à discuter des meilleurs choix possible et des stratégies à adopter).

Au final, Il faudra des jours (à l’échelle du jeu) pour réussir.

Si on devait évoquer quelques points négatifs, on pourrait citer la langue anglaise, exclusive, notamment parce que les mots étant aussi des indices, il est compliqué et sans doute coûteux de faire une traduction multilingue sans risquer de perdre certaines subtilités. N’hésitez pas à vous munir de votre smartphone pour photographier l’écran et bénéficier néanmoins d’une traduction de certains passages. Autre point d’attention : ce jeu ne se domptera pas si vite que ça, et le côté répétitif de revenir sans cesse dans cette maison et naviguer dans des pièces tirées au sort pourrait avoir un effet répulsif sur certains joueurs peu curieux ou manquant de temps. Mais n’hésitez pas à faire des "courtes" sessions (1 jour à la fois par exemple) si vous le pouvez (mais attention, c’est assez addictif et il est parfois difficile de se résoudre à ne pas relancer une partie après une journée frustrante lors de laquelle nous aurions eu affaire à trop de portes closes).

Un mot sur l’ambiance sonore qui tout en discrétion nous accompagne avec quelques élégantes ponctuations sonores entre musique ambient et quelques percées jazzy.

Un jeu atypique qui, sans être un chef-d'œuvre du jeu vidéo est tout du moins une réussite tant en termes d’histoire que de système de jeu. Un cluedo géant et sans cesse en mouvement en quelque sorte qui demandera au joueur d’aiguiser son sens de l’observation, sa patience et un peu sa chance pour tirer toute l’essence de ce jeu, mais ça vaut le coup. En plus, c’est un jeu qui est destiné à mon avis à tout le monde, gamer ou non, joueur de jeux vidéo ou de jeux de plateau, amateur de mystère ou aventuriers.