Adaptation de "L'Ambigu" de Roland Topor, mise en scène par Carmen Samayoa avec Fabrice Delorme.

Si Fabrice Delorme est le seul comédien de cette pièce de Topor jouée au Guichet Montparnasse, on ne peut cependant pas vraiment parler d’un seul en scène. Car Dom Juan voit double, il parle double, il joue double. Il est double.

Par un texte brillant, le comédien nous fait vivre le trouble d’un Dom Juan hypothétique qui, en découvrant son double féminin, ne peut s’empêcher d’en tomber amoureux.

Le postulat de départ est un potentiel à toutes les variations dont l’auteur ne s’abstient pas, poussant les limites de l’absurde et de l’inspiration jusque dans ses recoins. On explore l’inconscient du grand séducteur espagnol, son moi profond et sa part de féminité qui confère jusqu’au dédoublement de personnalité.

Fabrice Delorme donne corps à ce délire imaginé par Roland Topor, par le biais d’un jeu au service d’un texte exigeant qui ne trahit jamais l’esprit de Molière de par son style et son espièglerie parfois.

La mise en scène sobre de Carmen Samayoa reste au service du jeu du comédien mais quelques astuces ajoutent de l’attrait, notamment ces mises en abyme où Dom Juan lui-même lit certains passages ou didascalies de la pièce dont il est le personnage.

Notre raison perd pied le temps de la représentation, laissant logique et rationnel au vestiaire, se laissant promener dans les méandres de l’imagination de Roland Topor avec ce texte écrit en 1996 et rarement mis en scène.