Petit coup de coeur pour ce jeu de chez Compulsion Games, studio de Montréal créé par Guillaume Provost, un ex de chez Arkhane (Dishonored, Prey…) et déjà à l’origine d’un jeu passé un peu inaperçu en son temps mais pourtant fort intéressant : We Happy Few.

Si We Happy Few se passait dans un Londres dystopique des années 1960, cette fois-ci c’est bien ancré dans notre époque que se déroule ce jeu. Le décor prend place dans le sud de l'Amérique, dans la ville de Prospero en proie à un ouragan qui ravage les demeures les plus fragiles. Évidemment, un drame se noue et Hazel, notre héroïne, devra partir à la recherche de sa mère, emportée par les courants.

Loin d’une quête tranquille par monts et par vaux, Hazel se découvre des pouvoirs ancestraux qui lui permettront de se sortir des pires situations et même de combattre d’étranges créatures maléfiques.

Inutile d’en dire plus sur l’histoire mais Hazel, au travers de sa quête, apprendra à mieux se connaître et à mieux connaître sa famille qui cache de lourds secrets. Comme pour We Happy Few (fascisme, drogue, société à la dérive), le studio aborde des sujets parfois graves  tels que bien évidemment l’esclavagisme, la différence de classe sociale, mais aussi des thèmes du folklore américains (mythes, sorcellerie…).

Si le gameplay n’est pas des plus révolutionnaires, voire même assez classique, la prise en main est rapide et agréable et surtout le personnage se dirige de façon très fluide rendant le jeu vraiment agréable à jouer, sans pic de difficulté insurmontable bloquant la narration.

Car son vrai point fort est bien dans la narration, l’histoire est bien ficelée et on a du mal à s’arrêter tant on est impatient de connaître la suite. Par ailleurs, les parties purement narratives avec une voix off (très bonne version française d’ailleurs) et des pages de livre qui se tournent sont très réussies et ne cassent en rien l’immersion. On retrouve dans la narration quelque chose des studios Don’t Nod, spécialistes des jeux narratives de qualité (Life is Strange évidemment mais aussi le récent Lost Records, remarquable).

Par ailleurs, la narration est renforcée par l’ambiance visuelle absolument parfaite avec son style inspiré des films d’animations en stop motion. Les personnages sont beaux, charismatiques, avec des traits qui font à la fois penser à de la BD mais également à des jeux comme Dishonored. Le décor n’est pas en reste, plein de détails visuels qui rendent le jeu très immersif. Que dire également des personnages non-humains, comme Barbotte le poisson géant ?

Le tout est servi par des dialogues bien pensés et impeccablement rendus en anglais comme en français. D’ailleurs, les voix comme les sous-titres sont disponibles dans les deux langues ce qui est vraiment appréciable de ne pas avoir à rester scotché sur les sous-titres et manquer les belles images que nous offre ce jeu.

Les personnages sont bien travaillés également, ils ont chacun leurs traits de caractère propre que l’on apprendra à découvrir au fil de l’histoire. Le tout est conduit par quelques éléments de plateforme assez simples mais efficaces et une série de combats contre des créatures maléfiques. Pas forcément la partie la plus intéressante du jeu mais fort heureusement, il y a différents niveaux de difficulté qui font que l’on peut se concentrer facilement sur l’histoire sans devoir mettre toute notre énergie dans des combats par forcément très inventifs et parfois un peu répétitifs. Mais ce n’est qu’un détail qui s’efface au profit de la narration et de l’ambiance, qui sont vraiment les deux raisons d’être de ce jeu.

Dernier point qui vaut à lui seul l’acquisition de ce jeu, la bande son impeccable du français Olivier Derivière (A Plage Tale, Dying Light, Greedfall, Vampyr…) qui pour l’occasion sort un peu de sa zone de confort pour proposer des morceaux folk blues, parfois même chantés qui collent parfaitement à l’ambiance du jeu faite de bayou, d’ouragan et de sorcellerie.

Une belle surprise que ce jeu, malheureusement disponible pour le moment seulement sur Xbox et sur PC, studios Microsoft oblige. Vous pourrez y jouer à l’heure de cette chronique sur le Xbox Game Pass "gratuitement" ou bien l’acheter sur les boutiques PC habituelles.