Arman Meliès est de retour avec un nouvel album et c’est toujours pour moi un évènement tant j’aime cet artiste, sa musique, son univers et surtout ses textes. Ambrosia, déjà son dixième album, confirme pour moi qu’il est une valeur sûre de la chanson française, pas assez reconnu à son juste talent.

Après Obaké, sorti en 2023 sous la forme d’un double album porté par des sonorités synthétiques et sa trilogie américaine sortie en 2020 et 2021, Ambrosia est pour moi une sorte de retour aux fondamentaux avec au final un de ses plus beaux albums que j’apprécie tout autant que Casino ou encore Les tortures volontaires.

Ambrosia est sublime, du début à la fin avec dix titres magnifiques qui font la part belle à la poésie autour de musiques épurées folk qu’il maîtrise parfaitement. Les textes sont profonds, portés par l’écriture de l’artiste qui manie les mots à la perfection.

Pour cet album, Arman Méliès s’est entouré du batteur de Timber Timbre et la violoniste Pauline Denize pour nous proposer cet album mixé par Yann Arnaud, connu pour ses collaborations avec Dominique A, Air ou encore Syd Matters, que des artistes que j’aime beaucoup encore.

Il ne faut pas bien attendre longtemps pour s’embarquer dans l’univers poétique de cet album. Dès les premières notes, la magie opère au son des guitares acoustiques dominantes et de la voix imposante de l’artiste.

Pour les textes, Arman Meliès s’est inspiré de la littérature de deux femmes, Emily Dickinson (une Américaine du 19ème siècle) et Andrée Chedid, une égyptienne exilée en France au 20ème siècle. Point commun entre les deux, la poésie bien sûr, que l’on retrouve au cœur des textes de cet album.

Force est de constater à l’écoute de cet album que l’artiste fait le choix de mettre en avant sa voix, rendu possible par ses musiques épurées, prouvant que le guitare voix lui convient à ravir. Cela permet je trouve d’apprécier encore plus les textes de l’artiste. On se surprend à s’engager dans une écoute attentive de ce disque, emporté par des titres qui dégagent de nombreuses émotions.

Les dix titres qu’il nous propose sont des petites pépites qui nous ouvrent des horizons différents, qu’ils soient portés par une dimension pastorale pour certains (on reconnaît l’influence d’Ennio Morricone dans le travail de l’artiste) ou par une dimension plus contemplative sur d’autres. "Requiem pour un pou" est un des plus beaux titres de l’album, dans la lignée des Tortures volontaires et d’un titre "Dora" que j’écoute régulièrement tant j’aime ce morceau.

Tout est soigné dans cet album. Les arrangements sont précis, la voix de Pauline Denize s’accorde merveilleusement avec l’artiste sur "Le soleil en soi", qui ouvre l’album tout comme son violon fait merveille dans l’album. Le banjo, le reverb des guitares tissent un univers onirique qui se conjugue à la perfection avec les textes littéraires de l’artiste.

On s’attardera aussi sur la pochette, particulièrement réussie encore car Arman Méliès aime faire les choses bien avec des couvertures toujours soignées. Ici, c’est Yann Orhan qui est à la réalisation pour un résultat de toute beauté, à la hauteur du disque.

Ambrosia est un immense disque pour moi, sûrement l’un des meilleurs d’Arman Méliès qui avait déjà hissé la barre bien haute avec certains de ses précédents. On est sûrement pas loin du chef d’œuvre pour moi avec cet album qui tutoie l’exceptionnel. Rien que ça !