Les Belges de Endless Dive n’en sont pas à leur coup d’essai mais j’étais passé totalement à côté de leurs précédents albums. Pourtant, il s’agit d’un post-rock tout ce qu’il y a de plus "classique", du bruit, des frissons et beaucoup d’émotions.
Sur les précédents disques, il y a du Explosion in the Sky dans leur musique et à vrai dire, un peu de tout ce que l’on peut trouver chez les groupes signés chez Pelagic Records (Russian Circles, God is an astronaut…). C’est bien, très bien même (le précédent album de 2022, A Brief History of a Kind Human est vraiment réussi mais ne vous basez pas sur son écoute pour vous faire une idée de ce nouveau disque) mais ce n’est pas forcément facile de sortir du lot de cette musique somme toute un peu niche qu’est le post-rock.
Mais quelque chose s’est passé et la formation un peu réduite revient avec un nouvel album intitulé Souvenances et qui sort des canons du post-rock pour explorer des paysages sonores plus originaux. Alors certes, certains l’ont fait auparavant (Féroces, Microfilm…) mais on trouve sur ce Souvenances une patte vraiment personnelle et touchante. Ici, le boucan laisse la place à des espaces de silence, ou plutôt en guise de silence la bande son intimiste d’une vie dont on ne sait rien mais qui nous parle à tous.
Extraits sonores, films super 8 pour le clip, on plonge dans un passé à la fois connu et qui nous est totalement étranger. Voix d’enfants, remontrances des parents, histoires racontées par ce que l’on imagine être la grand-mère : ces ambiances sonores posent, justement, l’ambiance de ce disque atypique et il faut attendre le bon moment pour que pointe une guitare acoustique timide qui vient accompagner ces "saynètes" audio qui s’intègrent petit à petit dans la musique.
Si on a toujours des morceaux construits à la façon de ce que peut nous offrir le post-rock (une progression lente, pas de couplet / refrain, pas de chant), on a ici affaire à quelque chose de beaucoup plus dépouillé, quelques boucles électro s'ajoutent aux guitares acoustiques ("Petit bain") par ici, des percussions et des effets de guitares plus proches de ce que l’on connaît du post-rock arrivent par là : le très émouvant "La petite danseuse" qui s’enchaine avec le plus bruitiste "Balade" offrent deux titres impeccables (parmis d’autres titres impeccables).
Seule grande déception, l’album de 11 titres fait à peine 31 minutes avec un morceau de clôture, "Souvenances", qui fait 6 minutes 30 à lui seul. Mais on revient à ce disque en boucle. Magnifique.