Ce que l’on remarque en premier sur le nouveau disque de Animal Triste, c’est la pochette. Une pochette superbe basée sur le tableau “Dante et Virgile” de William Bourguereau (1850) mais totalement "ré-habillée" pour l’occasion par Yann Orhan, puisque les deux protagonistes sont entourés d’animaux en mouvements et la colorimétrie à été également retravaillée. 

Bref, une bien belle pochette renforcé par le titre de l’album Jericho qui évoque un passage biblique (les fameuses trompettes) des plus belliqueux : "Ils vouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, l’homme comme la femme, le jeune comme le vieillard, de même que le bœuf, le mouton et l’âne, les passant tous au fil de l’épée".

Tout ça pour dire que dès le départ on annonce la couleur, confirmée par le premier titre "Ave satan" qui démarre sans sommation et nous embarque sans résistance vers les abysses. La tension du morceau se ressent quasi physiquement, c’est lourd, c’est noir et c’est beau ! Les guitares omniprésentes nous invite à gigoter dans un chaos sonore organisé sur lequel se pose une voix pleine de spleen qui nous attrape dès les premières secondes.

C’est un mélange de cold wave et de noise rock totalement maîtrisé qui ferait rougir tant les Sisters of Mercy que les Jesus & Mary Chain.

Et puisqu’on en est aux références, sachez que les Français (car il s’agit bien d’un groupe français, de Rouen, né sur les cendres des prometteurs Radiosofa)  de Animal Triste se sont bien entourés puisque que participent à cet album Peter Hayes des Black Rebel Motorcycle Club, Alain Johannes (connu notamment pour avoir collaboré avec les Queens of the Stone Age notamment) et la comédienne française Marina Hands qui décidément aime la musique car on l’avait déjà croisé il y a quelques temps en duo avec Morgane Imbeaud (dans un tout autre registre donc).

Peter  Hayes fait des merveilles sur "Rearview Mirrors" et sur le plus apaisé "Sad Generation (with happy pictures)". Ce titre rappelle un peu le chant de Finn Andrews, de The Veils et c’est très beau, autant que surprenant.

Quant à Alain Johannes, il apporte ce côté très cold wave à l’ancienne, notamment sur "River of lies" qui agit comme une véritable machine à remonter le temps qui nous projette dans un style entre Bowie et les Sisters of Mercy. Mais la vraie performance d'Alain Johannes est sur le morceau tubesque au titre improbable de "The real Kanye West" ("I think I’ve been a good Christian all my life / I think I’ve never sinned until that day / I think I’ve been a good Christian all my life / But when I sin, I sin for good"). Chanson totalement hybride au rythme imparable et au refrain entêtant comme si Franz Ferdinand était pris d’une envolée dark wave... Génial !

N’oublions pas, évidemment, le morceau qui donne son nom à l’album, "Jericho", superbe chanson quasi incantatoire en duo avec Marina Hands qui proclame son texte à la façon d’une Anne Clark au meilleur de sa forme avant une envolée sonore explosive. Encore un grand moment de l’album mais il est difficile de faire ressortir un titre tant l’album se tient de bout en bout.

Une réussite totale que vous soyez de rock, de pop, de beaux textes ou de guitares qui grattent pile là où ça démange !