On sait la France réputée de longue date pour ses studios et ses écoles d'animations d’où sortent de formidables talents qui s'exportent largement à l'international.

Depuis quelque temps, force est de constater que le domaine du jeu vidéo, particulièrement du côté des studios indépendants, compte lui aussi quelques pépites hexagonales.

Et ce n’est pas près de s’arrêter avec des étudiants dans le domaine du jeu vidéo aussi talentueux et créatifs  que Rémi Leroy à l’origine de ce jeu en forme de travail d’étudiant de l’école Rubika : Myrmidon.

Vainqueur d’un Pégase en février 2025 (l’équivalent des Césars du jeu vidéo) pour le meilleur projet étudiant, Myrmidon est sorti dans la foulée sur Steam et n’est actuellement disponible que sur PC.

Mais une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, sachez que ce jeu est gratuit et vous enlève donc la seule raison potentielle qui pourrait vous faire hésiter à le tester.

Car oui, l’essayer c’est l’adopter et Rémi Leroy et son "Studio Popote" peut être fier à la fois de son prix largement mérité et de son jeu en lui-même, qui met déjà quelque fessées à de bien plus gros studio. Alors certes il y a quelques imperfections, de petites approximations parfois sur les déplacements mais très sincèrement à part quelques trolls sur Steam, qui pourrait lui en vouloir ?

Car ce qui fait la force de ce jeu, c’est d’une part la technique bien sûr qui reste quand même plutôt irréprochable mais surtout la créativité du scénario. Inspiré pas le cinéma d’animation, le stop motion et avec l’envie de faire des jeux "réalistes", Rémi Leroy a mis sur pied un jeu magnifique visuellement qui met en scène une petite marionnette et son créateur : Gepetto et Pinocchio en quelque sorte.

Et c’est là que le jeu devient génial pour plusieurs raisons. La première, c’est que le jeu se joue à deux, obligatoirement. L’un jouant le pantin et l’autre le créateur. Et chacun verra son point de vue et rien d’autre (on ne peut jouer qu’en ligne, certes mais le jeu étant gratuit, ce n’est même pas un problème).

C’est d’ailleurs une autre raison de jouer à ce jeu, et même de jouer deux parties, l’une avec la marionnette et l’autre avec le créateur. En effet le point de vue du créateur, sans trop spoiler est celui de son atelier, fait d’outillage et de modèles réduits de petites maisons, dans lesquels évolue la marionnette. Quant au point de vue de la marionnette, si au début on évolue effectivement dans ce décor, petit à petit la marionnette va voir une vue fantasmée, onirique de ce bric-à-brac et va se retrouver dans un mode de fantasy magnifique.

La troisième raison c’est le gameplay en lui-même. Parce que jouer à deux c’est bien avoir deux vues différentes OK mais on fait quoi ? Et bien c’est encore une idée de génie car si le petit pantin se retrouve dans un environnement dans lequel il devra faire preuve de dextérité à la manière d’un jeu de plateforme, le créateur lui doit jouer avec les éléments du décor pour offrir, justement, des prises à sa marionnette pour qu’elle puisse progresser. Ainsi un tiroir dans le monde réel deviendra dans l’imaginaire du petit personnage de bois un solide rocher. Un oiseau en plastique articulé deviendra un redoutable ptérodactyle.

Le jeu se base donc sur la communication entre les deux joueurs pour se synchroniser et permettre à la marionnette d’avancer dans ces fabuleux décors.

Car le dernier point c’est le décor justement. Les graphismes sont superbes, le personnage est magnifiquement animé, les décors sont grandioses et remplis de détails tant du côté imaginaire de la marionnette que dans le décor réel avec les modèles réduits dans un grand entrepôt éclairé avec des lumières de cinéma, les lumières de studios pour éclairer l’ensemble. C’est très réaliste et très immersif.

Un jeu vraiment original qui n’a pas à rougir face aux jeux de chez Hazelight (It Takes Two, Split Fiction) ou de la licence We Were Here Together, surtout compte tenu des moyens mis en œuvre (on le rappelle, c’est un projet étudiant).

Un jeu à découvrir de toute urgence, dont la difficulté reste bien dosée, rien n’est insurmontable pour peu que l’on collabore bien entre les deux joueurs.

Quoi qu’il en soit il semble qu’un brillant avenir se dessine pour Rémi Leroy et pour le jeu vidéo français plutôt en verve en ce moment !