Réalisé par Judith Davis. Comédie. 1h47. Sortie le 26 février 2025. Avec Claire Dumas, Nadir Legrand, Judith Davis, Mélanie Bestel, Maxence Tual, Simon Bakhouche.

Il y a cinq ans, Judith Davis sortait son premier film, "Tout ce qui me reste de la Révolution", racontant l'histoire de quelqu'une née bien trop tardivement pour faire des films engagés et parvenir à convaincre ceux qui s'y reconnaîtraient à tenter d'essayer de s'imaginer en éclaireurs d'un monde à changer.

Avec son second long-métrage, Judith, plus que jamais critique du monde qui l'entoure, navigue toujours sur une mer plate, plutôt vide de poissons mais, cette fois-ci, elle est partie chez des amis qui se sont installés à la campagne, dans un territoire lui aussi vide de ses habitants et peuplé par de nouveaux arrivants, à la fibre verte et pas vraiment prêts à écouter Jeanne pointer leurs contradictions. Pas loin de leur faux havre de paix, Jeanne va aussi s'apercevoir qu'il y a un vieux château, assez délabré, devenu un "tiers-lieu" où de braves gens - d'autres diraient de sérieux candidats à l'asile du titre - se sont organisés en communauté.

Sevrée de discours utopique et éloignée depuis longtemps de toute nouvelle tentative communautaire, Jeanne hume la possibilité d'une vie différente, alternative. Bien entendu, au départ, elle est assez méfiante (craint la secte), puis, peu à peu, elle se laisse prendre au jeu. D'autant plus que le "tiers-lieu" est menacé par un projet immobilier dans lequel trempe le maire du village...

La militante qu'elle rêve de redevenir se voit déjà dans un combat zadiste d'envergure.

Judith Davis s'amuse de tout le capharnaüm écolo-bobo, des toilettes sèches aux produits bio. Elle dénonce le sort des femmes, relégués comme de coutume aux taches domestiques. Elle se moque aussi de leurs "ennemis" se déplaçant en quads.

Sa comédie fonctionne assez bien. Judith possède un vrai sens de l'observation, aime ses personnages et égratigne sans réelle méchanceté les tenants de la modernité néo-capitaliste. Dans ses prochains films, qu'elle gagne en rigueur ou en laisser-aller, elle pourrait se rapprocher du mode de fonctionnement de Jean-Pierre Mocky, trouvant pour chaque film un comparse journaliste pour lui apporter un sujet neuf à chaque fois. Peut-être est-elle encore trop bavarde et croit toujours au pouvoir des mots sur les choses.

Pour l'heure, elle sait divertir plus que convaincre, use de la caricature sans toujours savoir s'arrêter à temps. Ce n'est pas grave si c'est foutraque. Elle, au moins, garde un bon esprit, loin des mauvaises ondes de l'ère actuelle.

Certains se gausseront de sa naïveté, d'autres auront raison de lui faire crédit d'avoir encore envie de rêver. S'il y avait plus de Judith Davis dans le cinéma français, il serait moins cynique et reprendrait peut-être les couleurs qu'il a perdues.