Spectacle de Jean-Claude Grumberg mis en scène par Noémie Pierre avec Clotilde Mollet et Hervé Pierre.
Il y a cet enfant qui ne veut pas manger sa bouillie et pose sans interruption des questions à sa mère qu'il s'évertue à appeler "Moman". Il y a cette mère qui fait ce qu'elle peut pour faire oublier à son fils que le père n'est plus là et que la guerre est passée par là.
Le texte brillant de Jean-Claude Grumberg inspiré de son enfance dans le nord prend vie dans l'incarnation qu'en font Clotilde Mollet et Hervé Pierre, avec l'aide de Noémie Pierre à la mise en scène.
Renforcée par la musique idoine de Hugo Vercken, la mise en scène à la scénographie évolutive remplie de trouvailles et finement éclairée par Nièves Salzman met en valeur le lien entre la mère et le fils et permet à ces deux virtuoses une liberté et une complicité qui confère à ce huis-clos une vraie authenticité.
Jean-Claude Grumberg a écrit un texte particulièrement original qui joue avec les mots, met en valeur le langage familier, le patois ch'ti et les expressions inventées, pleines de tendresse et de poésie.
Clotilde Mollet, avec sa gouaille et sa gestuelle, compose un petit garçon plus vrai que nature. Avec sobriété et intériorité, les mains dans les poches de sa grande blouse, Hervé Pierre est la mère dans toutes ses réponses, ses regards et ses silences. La seconde partie, dans un changement aussi fluide qu'inattendu, n'en est que plus bouleversante.
Avec une grande complicité, les deux comédiens embarquent le spectateur dans cette chronique amère et nostalgique mais surtout pleine de fantaisie qui raconte la vie simple et la force de l'amour filial. Un grand bravo.