Pièce adaptée par Mikaël Chirinian d'après le livre de Olivier Guez mise en scène par Benoït Giros avec Mikaël Chirinian.
Alors que la lumière rougeoit sur le visage de Mikaël Chirinian et que le bruit des machines de Jean Tinguely "Mengele Danse Macabre" se fait entendre, on sait qu'on va assister à un moment particulièrement fort de théâtre.
"La disparition de Josef Mengele" d'Olivier Guez (Prix Renaudot 2017) raconte la fuite de Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, depuis 1949 après la guerre où il se cache d'abord en Argentine sous un faux nom jusqu' au Brésil où il mourra en 1979.
Adapté par lui-même, Mikaël Chirinian s'empare du roman d'Olivier Guez pour tenir en haleine le spectateur pendant plus d'une heure dans cet épisode d'une trentaine d'années sur la cavale d'un des hommes les plus recherchés du monde à cette époque.
Celui qu'on avait surnommé "L'ange de la mort" et qui avait, souvent dans la plus grande barbarie et avec une froideur glaçante, exterminé des prisonniers juifs, utilisé certains pour des expériences et envoyé 400.000 d'entre eux dans les chambres à gaz prend vie sur scène.
Le texte avec une précision clinique décrit son travail mais aussi sa traque en Amérique du sud, seulement rejoint par son fils et la déchéance de ce criminel d'envergure.
Devant un amas de cadres accrochés les uns à côté des autres sur le mur de fond : portraits, photos d'archives ou illustrations, Mikaël Chirinian, dirigé au cordeau par Benoît Giros, se déplace d'un coin à l'autre du plateau et fait revivre avec magnétisme ce moment d'Histoire.
Avec une sobriété bienvenue ainsi qu'une diction parfaite, Mikaël Chirinian réussit à incarner tout à la fois le narrateur mais aussi le médecin nazi. La moustache qui frise et les sourcils froncés, une maîtrise permanente et quelques impressionnantes montées en puissance, il effectue une prestation d'une redoutable efficacité qui suspend le temps.
Une performance éblouissante et un spectacle nécessaire dont on sort abasourdis. Remarquable !
