"Nous vivons de chimères assoiffés de poussières happés dans l’ici-bas espérant l’au-delà et nos fièvres furieuses ressassent le ressac d’un fleuve qui nous perdra nous nous drapons de fables dont nous buvons le sable nos jours au souffle trop court"

Bienvenue en terre poétique. Quinze années séparent ce disque du précédent Aux Solitudes, soit une éternité ou presque. Pour autant, le plaisir de retrouver sa musique reste inchangé.

Ce disque se sépare en deux visages : un purement instrumental (où l’on retrouve cette esthétique entre néo-classique, minimalisme, musique répétitive (la répétition à son importance dans ce disque) jazz et pop) et l’autre où intervient la voix du contre-ténor Paulin Bündgen. On pensera alors à un héritage Fauréen, Ropartzien, Hahnien... L’art de ses compositions réside autant dans la prosodie du chant (ce côté absolument aérien du contre-ténor) que dans les atmosphères distillées par les instruments (piano, quatuor à cordes, clarinette, basson...).

Il y a, et il y a toujours eu, beaucoup d’audace, de sophistication dans sa musique, on notera ici notamment la qualité notable de l’écriture, des mélodies, de l’interprétation (avec une cohorte d’excellents musiciens comme Paul Meyer, Gilbert Audin, Bruno Fontaine, Éric Lamberger, Éric-Maria Couturier, Benoît Dunoyer de Segonzac, Sébastien Surel, Jean-Marc Phillips, Michel Michalakakos, Cyril Lacrouts), des arrangements et du traitement du son.

Ce Salon Noir est comme l’exploration d’un monde intérieur avec tout ce qu’il a de complexité, d’intensité, de profondeur dans les affects (allant de l’ombre à la lumière).

On pourrait très bien rester insensible à cette musique, exigeante, pénétrante, il faudrait avoir alors mis son cœur de côté. Et cela serait bien dommage...