Monologue dramatique d'Evelyne De La Chenelière interprété par Thomas Drelaon dans une mise en scène de Thomas Coste.
Alors qu'il arrive d'Alger pour remplacer une enseignante disparue dans des circonstances dramatiques, Bashir Lazhar ne connaît rien aux élèves de 11 ans dont il va devoir assurer les cours dans la classe de CM2.
C'est un homme un peu guindé et très maladroit mais armé de toute la bonne volonté du monde pour enseigner qui va faire ses premiers pas dans l'école dont il est loin de maîtriser les codes.
Tandis qu'une angoisse trouble se diffuse tout au long du récit, par scènes courtes les divers éléments du puzzle de la vie de cet homme et de son passé apparaissent et se mettent en place.
Le spectateur comprend vite que Bashir a dû quitter à regret sa famille pour fuir la guerre. Et devine le lien qui le relie à l'éducation et aux enfants.
Malgré la drôlerie des répliques, il émane du texte flamboyant d'Evelyne de la Chenelière, par petites touches, l'extrême solitude de Bashir Lazhar et l'âpreté de son bouleversant parcours.
Magistral dans son interprétation, Thomas Drelon subtilement dirigé par Thomas Coste avec une belle délicatesse, donne toute l'humanité possible à ce touchant suppléant qui voudrait tant trouver sa place et créer l'harmonie autour de lui alors qu'il ne cesse de se heurter à la dureté de ses collègues, de l'administration ou de la justice.
La sobriété de la scénographie une table et une chaise d'école cernés de rangées de projecteurs sur pieds de part et d'autre (bel éclairage de Patrick Touzard) donne à "Je m'appelle Bashir Lazhar" une intimité et fait ressortir tout le tragi-comique de cette histoire saisissante.
Une interprétation rare pour un spectacle tout en retenue qui raconte le rêve de cet homme ordinaire féru de dialectique et de transmission qui souhaite, avec l'éducation des élèves, changer le monde et effacer toute la violence qu'il a rencontré.
Magnifique !