Monologue dramatique de Philippe Minyana interprété par Dominique Jacquet dans une mise en scène de Jacques David.
Il est des jours à marquer d'une pierre blanche... ou noire. Et les deux pour madame Schumacher connue sous le doux diminutif de Babette qui va relater son incroyable journée.
Une journée apocalyptique qui, de l'aube à la nuit tombée, la confronte tant aux grands drames existentiels qu'aux épiphénomènes du quotidien qu'elle aborde avec une sorte de distanciation humoristique et sans établir de hiérarchie tonale dans sa recension des minuscules faits divers et des tragédies personnelles.
Et elle cause Babette, une femme portant beau sa cinquantaine et surnommée "la Reine de la supérette", protagoniste du monologue tout simplement titré "Babette", pour lequel son auteur, le dramaturge Philippe Minyana, préfère le terme de solo.
Atteinte d'une inextinguible logorhhée qui n'est pas sans évoqer celle des "Talking Heads" anglo-saxonnes d'Alan Bennett, elle est emportée par son récit quasi épique inscrit dans le cadre d'un pandémonium familial avec une mère alzheimérisée, un mari devenue indifférent qui l'insupporte mais qu'elle continue d'aimer, une fille qui a été kidnappée enfant et un beau-fils à la dérive.
Et bien que sujette à des dépressions chroniques, elle est néanmoins dotée d'un moral d'acier et d'un humour à froid s'avérant salvateur pour affronter une journée auusi apocalyptique qu'exceptionnelle par son intensité dramatique qui, peut-être, impactera son destin certes pas semé de pétales de roses, un destin prévisible et dont, résiliente, elle acceptait l'augure avant que n'intervienne le phénomène du débordement de la coupe pleine.
Sous la direction de Jacques David qui impulse une tonalité de farce folle sur le mode d'un judicieux "quant-à-soi" appliqué au personnage, Dominique Jacquet intervient dans un pré-carré de gazon artificiel encadré de barres lumineuses.
Aguerrie et talentueuse comédienne, elle délivre superbement soliloques, réflexions impertinentes, délivrance d'extraits de sa pseudo-philosophie personnelle et scènes dialoguées à une voix, qui dessinent cette figure de femme ordinaire à la bouleversante humanité.