"Que de nuits ont roulé la vague de leurs voiles, sur moi, lourds de tant de peines, pour m’éprouver ! Je criai à chacune, quand elle s’étirait faisant saillir sa croupe, incurvant le poitrail : Ô longue nuit je voudrais tant que tu écloses en matin, mais il n’est matin qui te surpasse" Imru’al-Qays.

La nuit peut revêtir divers atours. Elle peut être mystérieuse, douce, propice à la rêverie, dansante, transfigurée. Si Marianne Piketty a pensé ce disque comme "une marche dans la nuit", il y a dans ce Sous l’étoile l’envie d’une cheminée vers la lumière (le passage de l’ombre à la lumière, concept déjà présent dans L’heure bleue, album sorti en 2020 avec des œuvres d’Hildegarde de Bingen, Philippe Hersant, Dimitri Chostakovitch et Karl Amadeus Hartmann), marquée notamment par le diptyque de Lili Boulanger (D’un soir triste et D’un matin de printemps) en ouverture et clôture du disque.

C’est aussi, surtout, prégnant dans la très belle œuvre, presque magnétique, en tout cas totalement pénétrante et remarquablement construite du compositeur Argentin Alex Nante, commande passée au compositeur et créé à l’occasion de cet enregistrement. Un morceau inspiré du poète Jacobo Fijman : Bajo La Estrella comme ""traversée du désert" bien présente dans plusieurs traditions spirituelles, considère la nuit spirituelle comme matrice d’un nouveau jour".

Pour accompagner la pièce d’Alex Nante baignant dans une atmosphère spirituelle et nocturne : Rêve d’enfant et Poème élégiaque d’Eugène Ysaÿe, deux concertos "La Notte" de Vivaldi (le RV 439 et le RV 501 avec Albéric Boullenois au violoncelle solo et Sommeil (tiré de La Fierté vaincue par l’Amour) de Louis Travenol.

On retrouve tout au long de ce disque un son d’ensemble, des élans irrésistibles, des couleurs, des impressions, des sensations, une grande netteté du jeu, un sens du phrasé, des dynamiques, du drame et des sentiments.

Une quête de sens, à l’image de celle de Marianne Piketty avec son ensemble : la musique comme un espace de découverte, de liberté et de plaisir, une possibilité de transmission et d’émancipation, de la nuit à la lumière donc.