"La musique suffit pour une existence mais une existence ne suffit pas à la musique." Rachmaninov

Voilà un superbe disque qui ravira les amateurs du compositeur russe. On le sait, le jeune pianiste Jean-Paul Gasparian est particulièrement à son aise et inspiré (euphémisme) dans ce genre de répertoire. Preuve en est dès la sonate n°2. Sous ces doigts, c’est tout le mystère, toute la fantasmagorie (ces débordements de notes ne sont-ils pas comme des esprits qui tournoient ?), le trouble tumultueux, toute la beauté pure du second mouvement que l’on entend.

L’engagement, car il en faut pour interpréter cette sonate, de Gasparian n’est en rien factice, il vient du plus profond de lui. Il fait également magnifiquement sonner son piano dans les préludes n°4 et n°10. Mais au presque "mysticisme" de la sonate n°2 cèdent les jaillissements poétiques et virtuoses des Moments musicaux. Gasparian y est impérial techniquement (ce fabuleux touché) et naturellement musicalement. Tout est là dans ces 6 mouvements pas tant joués que cela (leurs difficultés l’expliquant sûrement) : les contrastes, la dichotomie entre sombre délicatesse et puissance brillante, la cohérence mélodique, l’intensité, la flamboyance. Le pianiste semble comme porté par une force venue d’ailleurs. Encore une histoire d’esprits...