Monologue dramatique écrit et interprété par Catherine Benhamou dans une mise en scène de Alain Payen. Petit moment de grâce, proposition subtile, à la fois modeste et pleine d'ambition, "Hors Jeu" de Catherine Benhamou rend hommage à son maître Samuel Beckett sans jamais chercher ni à l'imiter ni à l'égaler, mais en tentant d'en retrouver tout l'esprit avec une simplicité désarmante, celle de quelqu'un qui veut dire envers et contre toutes les règles de la bienséance théâtrale, qu'elle aime un auteur, le jouer, l'admirer et lui donner ses preuves d'amour.
Car "Hors jeu", dans son dispositif qui veut rappeler celui de "Fin de partie", l'un parmi d'autres des chefs d'oeuvre de Beckett, pose quelques éléments minimalistes pour créer son atmosphère de "dehors-dedans" : deux tabourets "normaux" face aux spectateurs et derrière eux un fauteuil cossu, dont le dossier rouge est mis en avant puisque le fauteuil est tourné vers le fond de scène.
Catherine Benhamou, quand elle apparaîtra dans cet univers, rendu un peu plus étrange par les bruits incongrus et poétiques de Francine Ferrer, entre chuchotis et glouglous, ce sera presque par effraction. Car "Hors jeu" est le récit d'une actrice hors champ, une actrice beckettienne qui joue à l'intérieur d'une poubelle pendant quasiment tout "Fin de Partie".
Pour se sauver de cet enfermement, elle pense, elle écrit dans sa tête tous les jours ce "Hors Jeu" où elle creuse sa vie, son intime, ses rapports à la mort, elle qui joue la mère et qui pense à la sienne qui vient de s'évanouir dans la non-vie...
Sur son tabouret, d'une voix assurée de petite fille,Catherine Benhamou emporte le spectateur vraiment "hors jeu", dans un récit jamais sombre, toujours porteur de rêves et d'ailleurs malgré ce contexte de "poubelle" et de "mort".
Dans ce périple autour d'elle-même, Catherine Benhamou est bien entourée : sons de Francine Ferrer, lumières évidentes de Philippe Lagrue et présence d'Alain Payen pour un regard empathique qui lui permet de rester "dans" son "Hors Jeu", de ne pas disparaître comme le petit personnage qu'elle est toujours censée être.
Pourtant, son beau texte en convainc : elle existe et il faut venir la voir exister, radieuse et heureuse comme une comédienne hors d'une poubelle. |