Spectacle musical conçu et mis en scène par Pierre Guillois, avec Jean-Paul Muel, Lara Neumann, Flannan Obé et François-Michel Van Der Rest accompagnés par les musiciens Nicolas Ducloux et Jérôme Huillé (en alternance avec Grégoire Kornilik).
Après un mémorable "opérette barge" qui dézingue la famille atypique ("Le Gros, la Vache et le Mainate") et un mélo burlesque sur le thème des céliperdants ("Bigre"), Pierre Guillois repousse les limites du goût dit "mauvais", au demeurant pour qui et pourquoi ? - avec un opus de première bourre qui culbute les genres façon "cul par-dessus tête".Acoquiné avec Nicolas Ducloux, pianiste, compositeur, arrangeur et chef de chant de la Compagnie de théâtre lyrique Les Brigands versée dans l'opéra bouffon et dont il est l’un des fondateurs, il livre un "Opéraporno" qui hybride la farce "hénaurme", le grotesque et le graveleux, la pornographie et le bastion de la "grande" culture bourgeoise qu'est l'opéra dans une version lyrico-satyrique de la famille "tuyau-de-poêle".
Spectacle pour public averti, dans tous les sens du terme, "Opéraporno"' met le cul en avant-toute, sans tabou ni fioriture, et conjugue tous les antonymes du mot chaste, de licencieux à lubrique en passant par orgiaque et paillard, de surcroît inscrit dans l'héritage de l'humour libertaire des années 1960-1970, l'humour bête et méchant du Hara Kiri sous la houlette du Professeur Choron, celui érotomaniaque de Wolinski, salace de Reiser et sulfureux de Copi.
Tout commence, dans une scénographie bucolique élaborée par Audrey Vuong comme un conte bucolique sur le mode "il était une fois une fois une petite maison près d'un étang" qui se transforme en lupanar familial à l'occasion d'un week end qui, selon l'expression triviale et en l'occurrence non métaphorique, part en couilles et pas uniquement en raison de la puissance érotique de la chlorophylle.
Sur une délicieuse musique debussyenne matinée de pop vintage pour deux instruments composée par Nicolas Ducloux, délivré en direct au piano par ce dernier au piano et le contrebassiste Jérôme Huillé, qui assène un fécond décalage avec les paroles à la crudité rabelaisienne, et dans la mise en scène électrique de Pierre Guillois, cette opérette bouffe au livret graveleux ponctuée de véritables scènes de genre d'anthologie, dont la primeur est laissée au spectateur, est interprétée par un épatant et émérite quatuor.
François-Michel Van Der Rest, désopilant en père dont l'intégrité physique est malmenée telle celle du chevalier noir du "Sacré Graal" des Monthy Python, Flannan Obé, délirant en fils priapique, Lara Neumann, délicieusement délurée en jeune belle-mère folle de son corps, et Jean-Paul Muel, magistral en grand-mère vieille dame indigne assument une partition qui fera pousser des cris d'orfraie aux vrais faux bien-pensants d'une époque devenue puritaine.
Pour les autres, le sexe en chantant sera source d'une orgie de rires roboratifs.