J. Bradford Hipps est un écrivain américain qui a longtemps été programmeur informatique avant de se tourner vers l’écriture. Ses premiers textes, fort remarqués, ont été récompensés de nombreux prix qui lui ont permis de publier son premier roman, L’Aventuriste, paru en France chez les éditions Belfond.
C’est un dénommé Henry Hunt qui se retrouve au cœur de ce roman. Une trentaine d’années au compteur, il est chef de service dans une boîte informatique qui conçoit et vend des logiciels. Il mène une petite carrière tranquille depuis quatre ans. Employé modèle, il fait partie de ceux qui aiment leur travail. Il aime les déplacements qu’il effectue pour son travail, quand son patron lui montre son importance en l’invitant à dîner. Il apprécie de travailler auprès de collègues sympathiques qui, pour certains, sont mêmes devenus des amis. Il apprécie particulièrement Jane, une très jolie femme qui s’occupe du service marketing. Elle est mariée mais pas vraiment heureuse dans son couple.
Henry aime être performant dans son travail, il a l’ambition de progresser dans son entreprise, d’obtenir une augmentation. C’est au final un type sympa qui n’a pas l’intention d’écraser les autres pour obtenir une promotion dans sa société.
Mais rapidement, tout peut s’écrouler. Un contrat perdu, l’erreur d’un collègue et les objectifs de vente du mois se retrouvent non atteints. La pression monte, Henry doit partir prendre la route avec ses collaborateurs pour signer des nouveaux contrats et trouver de nouveaux acheteurs.
Cette tournée à la recherche d’acheteurs va être l’occasion pour Henry de se remettre en question. C’est le moment pour lui de faire le bilan de sa vie professionnelle et amoureuse. Est-il possible qu’il arrive à conquérir cette Jane qui le subjugue ? Est-il heureux dans son travail ? Est-il heureux dans sa vie et est-ce qu’une augmentation de salaire le rendra plus heureux ?
Henry aime sa famille mais elle passe néanmoins après son travail. A ce questionnement professionnel s’ajoute le récent décès suite à une leucémie de sa mère, la lente dégradation de santé de son père et une relation avec sa sœur qui se délite.
Sans être profondément passionnant, L’Aventuriste a néanmoins le mérite de nous plonger dans un univers qui ne nous est pas forcément familier, celui de l’entreprise. On y voit les modes de management, les conditions de travail des salariés, les objectifs de production ou de vente qui pèsent souvent comme une épée de Damoclès sur la tête des salariés qui ont la crainte de se retrouver au chômage. L’entreprise se révèle souvent être un univers impitoyable dans ce livre.
Evidemment, on sent que l’auteur a dû s’inspirer de son expérience professionnelle et de son passé d’informaticien pour construire son roman. Le monde de l’entreprise, il le connaît et cela se voit. Et dans la galerie des personnages qu’il nous propose dans son roman, force est de constater qu’ils ont souvent très réalistes, ressemblant parfois même à certains de nos collègues. On retrouve le bon collègue, celui en qui on peut avoir confiance mais aussi celui qui est prêt à nous marcher sur la tête pour réussir. Il y a enfin celui qui s’enfonce en même temps que ses objectifs ne sont pas atteints. Celui qui nous fait peine…
L’Aventuriste est un livre d’une grande humanité, bien écrit, qui mêle des passages drôles et d’autres beaucoup plus sérieux qui engagent à la réflexion. C’est un roman sur le sens de la vie, un premier roman prometteur. |