Réalisé par Fabien Hagege, Guillaume Namur et Vincent Haasser. France. Documentaire. 1h25 (Sortie le 24 janvier 2018).

Jean Douchet a fait de l’amour du cinéma sa vie. Une vie partagée entre des cours du cinéma à l’université, des présentations de films à la Cinémathèque ou des séances de ciné-club en province.

Aujourd’hui, Fabien Hagege, Guillaume Namur et Vincent Haasser, trois de ses jeunes élèves - même si le terme semble bien académique pour les appeler ainsi- lui consacrent un film, qui est avant tout une déclaration d’amour.

Constitué d’une alternance classique d’images d’archives, d’entretiens et de scènes du quotidien, le documentaire "Jean Douchet, l'enfant agité (le scénario au nom truffaldien que Douchet n’aura jamais tourné) émeut par la relation entre ce vieil homme et les cinéastes.

Saisis parfois à la volée, les témoignages des anciens élèves de Jean Douchet permettent de tracer le portrait d’un enseignant atypique qui menait tambour battant des cours sur toutes les tendances du cinéma.

Arnaud Desplechin rappelle par exemple l’ouverture d’esprit de cet homme de la génération d’après-guerre, que son admiration pour Mizoguchi n’empêchait pas d’aimer Brian de Palma. Toutes ces personnes, toutes ces générations se retrouvent pour saluer un maître qui leur a appris à regarder.

Bien sûr, à entendre tant louer les cours de Douchet, on regrette le manque d’images de ces interventions, dont la majeure partie n’a pas été filmée. Mais on se plaît aussi à imaginer ces belles affections, pour parler comme Douchet, qui se sont nouées avec les années.

Car les trois cinéastes interrogent également leur sujet sur sa vie intime, ses relations à autrui ou sa vision du monde. Ces séances quasi socratiques d’interrogation font la part belle à la sagesse de l’ancien, hédoniste et stoïcien tout à la fois.

On sent bien sûr l’extrême jeunesse des cinéastes, leur inexpérience et le manque de moyens. Les images sont souvent incertaines, la caméra vacillante. Cette maladresse, parfois touchante, parfois exaspérante, donne à voir un second apprentissage : celui du cinéma.

En attendant, ce petit documentaire assez foutraque reste un hommage émouvant qui donne surtout envie de se précipiter aux cours de Jean Douchet.