Dans la galaxie Antifolk new-yorkaise, si Adam Green et Kimya Dawson ont été proclamés souverains, le rôle du prince revient sans conteste à Jeffrey Lewis, 27 ans (âge où certains passent du statut de rock star à celui de mythe éternel).

Touche à tout de génie (son art premier demeure la BD), également originaire de la grosse pomme à deux pas du Sidewalk Café, il s'immisce rapidement dans le cercle des freaks Antifolk comme illustrateur avant de franchir le pas durant une des fameuses soirées open mikes.

Peu après, arrive un premier album ("The Last Time I Did Acid I Went Insane" composé de titres écrits entre 1997 et 2001) le propulsant illico en première ligne de ces chevaliers lancés dans une croisade des temps modernes, pour insuffler au folk une vitalité perdue depuis l'âge béni des Woody Guthrie, Dylan ou Jonathan Richman plus récemment.

Près de deux ans sont écoulés depuis ce premier essai et rien ne semble avoir changé dans la vie de notre homme peignant toujours avec une désarmante sincérité son existence dans de nouvelles chansons rassemblées à l'intérieur de It's The Ones Who've Cracked The Light Shines Through, son nouvel opus. Jeffrey Lewis y évolue en trio accompagné à la basse par Jack Lewis et par Anders Griffen à la batterie, donnant enfin une consistance musicale faisant défaut à certains titres du premier album.

Le ton se fait tour à tour folk et mélancolique "Back When I Was 4", "Don't Let The Record Label Take You Out To Lunch" très d'actualité ou bien punk lo-fi déjanté : "Graveyard" et surtout l'irrésistible "No LSD Tonight". La présence en clôture de l'album de "You Don't Have To Be A Scientist To Do Experiments On Your Heart", déjà remarqué sur la compilation "Antifolk Vol. 1" chapotée par le couple régnant, contribue à faire de ce deuxième album au graphisme soigné et délirant, un des sommets du genre après le premier Moldy Peaches.