Réalisé par Yousry Nasrallah. Egypte. Comédie dramatique. 1h55 (Sortie le 21 décembre 2016). Avec Laila Eloui, Mena Shalaby, Bassem Samra, Ahmed El-Daoud, Alaa Zenhom, Sabrien, Zeina Mansour et Mohamed Sharnouby.
Dans le cinéma égyptien, Yousry Nasrallah est un nom qui compte et un cinéaste qui ne tourne pas pour ne rien dire. On se souvient notamment d' "Après la Bataille" (2012) et de "Femmes du Caire" (2009)
"Le Ruisseau, le Pré Vert et le Doux Visage" est un film choral qui s'organise autour d'un banquet de mariage et qui en profite, comme à chaque fois, de faire un tour d'horizon de la société égyptienne toujours pas apaisée depuis la prise de pouvoir du Maréchal Al Sissi.
Chacun y verra donc des niveaux de lecture et tous y trouveront un divertissement joyeux où se côtoieront une danseuse du ventre, un chanteur pop égyptien et des numéros qui pourraient sortir d'un film bollywoodien.
Pas la peine de s'attarder sur une intrigue compliquée qui finira dans la simplicité d'une opposition entre bons et méchants, corrompus et intègres, tenants de la gastronomie traditionnelle et partisans de la malbouffe profitable, "Le Ruisseau, le Pré Vert et le Doux Visage" de Yousry Nasrallah est avant tout un joyeux divertissement. Y rayonnent des acteurs emblématiques égyptiens comme la légendaire Laila Eloui et l'acteur fétiche de Nasrallah, Bassem Samra.
Cette fresque colorée aux tenues chatoyantes, aux chansons entraînantes, aux plats orientaux qui donnent faim et l'envie immédiate de trouver un "libanais" ouvert en sortant de la salle, donnera l'occasion à ceux qui ignorent qu'il y a autre chose que le cinéma français ou américain de se confronter positivement à l'altérité.
Pour les autres, ils reconnaîtront à Yousry Nasrallah une parenté avec Youssef Chahine, dont il a d'ailleurs coécrit quelques films comme "Adieu Bonaparte". Comme Chahine, on ne peut pas dire qu'il soit toujours formellement inspiré, mais il supplée avec une belle énergie et des scénarios touffus une grammaire cinéma parfois réduite.
"Le Ruisseau, le Pré Vert et le Doux Visage" de Yousry Nasrallah a l'avantage de donner une belle image de l'Égypte et surtout de ses citoyens, et constitue une espèce de havre de paix de deux heures, dans un monde où gronde toujours la guerre civile.
À consommer comme les plats goûtus concoctés par Raafat (Bassem Samra) : sans modération. |