Comédie dramatique de Jean­Luc Jeener, mise en scène de Pascal Guignard Cordelier, avec Fanny Sütterlin, Isabel de Francesco et Jean-Luc Jeener.

Avec "Le Mariage", l'auteur, comédien,metteur en scène et critique théâtral Jean-Luc Jeener aborde les thématiques de l'homosexualité et du mariage homosexuel dans un cas de figure qui ne peut que générer une situation conflictuelle, voire explosive.

Celle-ci se développe, sans préambule, dans une partition radicale, et ce, dès les premières répliques, que la mise en scène de Pascal Guignard Cordelier la maintient sous une haute tension constante.

Bien que connaissant la position de son père, Claire, une jeune femme homosexuelle vient non lui annoncer son mariage avec Suzanne, sa fiancée, mais présenter celle-ci afin qu'elle procède à la traditionnelle demande en mariage.

Au nom de ses croyances et principes qui reposent notamment sur son assentiment à l'ordre social hétéronormé actuel et au refus de considérer l'homosexualité comme une construction identitaire, celui-ci oppose un refus prévisible.

Et curieusement ce n'est pas fille, toujours en retrait, qui tente de plaider sa cause, mais la promise qui ne va pas argumenter à titre principal sur le plan personnel, celui des sentiments partagés et de l'engagement dans une vie de famille alternative.

En effet, étudiante en psychosociologie et vraisemblablement militante LGBT, elle porte le débat sur un plan politique, celui de la rupture civilisationnelle en marche, et idéologique, aux termes d'une praxis reposant sur une idéologie basée sur la déconstruction d'un système fondé sur la sexuation sociale et le futurisme reproductif.

Ce qui génère une joute rhétorique passionnante, sans complaisance ni compromis, qui tend au dialogue de sourds et interpelle, plus globalement, sur le pouvoir, dans une démocratie, des minorités dissidentes actives.

Isabel de Francesco campe avec une belle sensibilité la fille retranchée dans sa sphère affective et soumise à un impossible choix. Avec une grande justesse de jeu, Fanny Sutterlin impressionne par son assurance et sa détermination de bretteuse face à Jean-Luc Jeener, impressionnant en père aimant et en penseur passionné mais qui ne peut, même au nom de l'amour paternel, déroger à ses convictions.