Saycet n’est pas de ces artistes que l’on retrouve dans les bacs, chaque année, avec la régularité du métronome de David Guetta : son dernier album date de 2010 et le premier était sorti en 2006. Si son nom n’est pas connu du grand public, c’est probablement parce qu’il court dans une catégorie assez encombrée, l’électronica. A l’ombre d’un M83, qu’il est difficile de trouver la lumière. Ces dernières années nous ont comblés et les compositeurs français se révèlent particulièrement bons quand il s’agit de réchauffer l’ambiance à l’aide de froides machines synthétiques. Qu’en est-il de ce nouveau disque de Saycet ?

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On peut le dire, Mirage est un virage dans la discographie de Pierre Lefeuvre. Si le côté atmosphérique de sa musique demeure, force est de constater que la pop est venue s’y mêler. Les images en sortent plus fortes, plus condensées par la rigueur du format.

On monte en douceur pour arriver sur le titre éponyme où le chant, féminin et masculin, apporte une douceur salvatrice à la puissance instrumentale, un équilibre qui donne envie de poursuivre l’aventure. Les paysages s’ouvrent devant nous et convoquent les images aériennes filmées en slowmotion de lieux magiques où se mêlent le feu et la glace. La beauté en couleurs saturées. Oui c’est beau. Mais, car il y a toujours un mais dans ces cas-là, est-ce suffisant ? Certains diront que je boude mon plaisir, et pourtant, il y a bien un quelque chose de trop qui m’empêche d’en profiter entièrement. Probablement parce que, comme dans tous les autres arts, ce que j’aime le plus dans la musique, c’est la fêlure. Ce petit détail qui fait mal, cette faiblesse qui donne du relief à l’oeuvre et rend la beauté bien plus belle encore.

Oui, vous lisez bien, ce que je reproche à ce disque, c’est sa perfection. Au fil des pistes il en devient trop prévisible. Le piano de "Northern lights" ou la composition plus rugueuse et percussive de "Quiet days" viennent troubler cet équilibre. Les voix aussi nous font sortir de la jolie monotonie qui s’empare de nos oreilles, mais l’ensemble est finalement trop lisse pour vraiment m’emporter.

[] Stop

Le virage artistique de Saycet est une bien bonne nouvelle et on se laissera porter par cet album sans grande difficulté, mais c’est pour cela aussi qu’on finira par s’en lasser. Je ne saurais dire quel titre se détache des autres, quel morceau m’a transporté plus loin que les autres. Certains diront que c’est parce qu’ils ont tous cette capacité à faire voyager.