Quand HEALTH prenait d'assaut les ondes avec leur second opus en 2009 (Get Color), ils approfondissaient les sillons tracés par Crystal Castle, avec qui ils entretiennent de nombreux liens. Comprendre que les sons électroniques devenaient un bon prétexte pour produire des titres décharnés et évoluant loin des esthétismes musicaux communs. On ne parlait plus seulement de musique devenant peu à peu une nuisance ou bien même un bruit, mais bien l'inverse : transformer le bruit en musique.
Chantre du genre ironiquement appelé Noise Music, HEALTH jouait le rôle d'outsider revêche, quand Crystal Castle ou Sleigh Bells accédaient à une renommée portée aux nues par un public plus large. Pour autant, le groupe en question remportait son propre succès et finissait même par offrir une bande son angoissante au troisième volet de la série de jeu Max Payne. Et s'il est facile de vouloir cloisonner HEALTH quelque part entre Crystal Castle et Liars, le troisième opus DEATH MAGIC permet de remettre en perspectives nos attentes.
Sans trop de surprise, l'album est d'une rare violence sonore. Mécanique, percussive et surtout technologique, elle permet de porter l'accent sur deux ingrédients permettant à l'opus de captiver toute notre attention.
Le premier reste évidemment cette opposition entre le chant de Jacob Duzsik, porté par sa voix d'enfant de chœurs aux paroles à peine articulées et le matraquage intransigeant de sons nocifs ("Salvia"). Une combinaison offrant une mise en valeur mutuelle des deux éléments et permettant au groupe de dessiner des schémas soniques aussi fantasques qu'hantés.
En second, HEALTH instaure une nouveauté bienvenue dans ses productions puisque de nombreux titres s'égarent avec plaisir du côté de la pop. Comprendre que les paroles deviennent plus intelligibles ("Dark Enough") et que les constructions des titres s'érigent plus volontiers autour de notions de ponts et de refrains.
Pour autant, cette nouveauté ne sous-entend pas que DEATH MAGIC préside à la réinvention du style du groupe : on retrouvera ce même entrechoquement chaotique de sons presque jetées aléatoirement dans les oreilles du premier venu. Fort heureusement, du chaos procède l'ordre, même si celui-ci demeure relatif.