Deux de Stanislas Wails est un roman assez court mais riche en idées. C'est le traitement de ces idées fait par l'auteur qui peut surprendre le lecteur.
Le livre commence comme un roman dont le noyau principal est une histoire d'amour. La rencontre des deux protagonistes n'est pas commune et même intrigante. Une jeune femme, Clorinde choisit dans une rame de métro Simon, celui qui va devenir son amoureux, dans un jeu où le hasard est l'arbitre. Personnellement je m'attendais à ce que ce jeu, ce choix, soit un élément déterminant de l'intrigue et que cela nous conduise vers une histoire un peu étrange, et pourquoi pas sombre. Je me disais qu’on ne pouvait pas appeler son héroïne Clorinde sans qu’il ne se passe quelque chose d’hors du commun.
Il n'en sera rien. C'est là pour moi qu'est le premier croche-pied que nous fait l'auteur. Le lecteur devient alors spectateur d'une histoire d’amour plutôt banale. Nous voyageons entre les descriptions de morceau de vie du quotidien de Clorinde et Simon et le récit s’attarde sur les sensations de bien-être et les sentiments de désir du couple. C'est bien écrit, c'est tout en légèreté, agréable à lire. Nous somme pris dans une parenthèse passionnée dans laquelle on ressent une vraie sensation de flottement amoureux.
Nous en sommes donc à lire ce récit frais comme un vent de printemps quand la question de l'intrigue du début se rappelle à notre mémoire. On ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ? Pourquoi le choix du garçon ? Pour faire quoi ? Pour aller où ?
En réponse, Stanislas Wails fait bifurquer son récit dans une autre voie. L'ambiance du roman change et s’en est fini de la romance. Comme s'il fallait justifier la présence, l’existence même des personnages, l'auteur leur donne une fonction, un métier, un emploi du temps, des collègues de travail... Bien sûr, le roman se densifie en situations et personnages intéressants mais je trouve que les sensations y sont moins présentes et c'est pour moi ce qui faisait son intérêt. C'est comme si un metteur en scène décidait à mi-parcours de son film de changer tous les paramètres de la prise de vue. La lumière et la dynamique du roman s'en trouvent profondément changées et en même temps le caractère des personnages, ou l'idée qu'on s'en faisait jusque-là. Je laisse le lecteur se faire son avis sur cette deuxième partie et sur son dénouement.
Personnellement, j'ai été intéressé par la première partie et j'ai eu du mal à finir la seconde. Le livre s'appelle Deux. Comme les deux personnages du couple ? Comme les deux parties du roman ? Comme les deux romans que l'auteur aurait pu écrire ou comme autre chose qui m'a échappé ?
